vih La recherche sur le VIH, un accélérateur pour répondre contre la COVID

26.02.21
Nora Yahia
6 min

Le dernier jour de conférence, s’est tenu le satellite « Vaccines : What HIV R&D did for COVID-19 » organisé par le consortium « Global HIV Vaccine Enterprise ». Le Dr Roger Tatoud (International AIDS Society), y a expliqué comment la recherche d’un vaccin contre le VIH a permis d’accélérer la recherche d’un vaccin contre la Covid-19. 

La pandémie de Covid-19 a pris le monde de court. Pourtant un an après des vaccins sont déjà disponibles. Si ce développement des vaccins Covid-19 a pu être si rapide, c’est grâce aux avancées de la recherche sur le VIH. Le Dr Tatoud a présenté les premiers résultats de l’étude menée pour comprendre comment ces années de recherche sur le VIH ont pu accélérer la réponse contre la Covid-19. 

Cette étude s’est appuyée sur des recherches bibliographiques et l’interview de nombreux chercheurs spécialistes du VIH impliqués dans la recherche sur la Covid-19. Les premières données indiquent que la contribution de la recherche vaccinale sur le VIH s’est faite à trois niveaux : 1) une avancée dans les concepts et technologies de vaccination, 2) l’existence d’infrastructures spécifiques pour les essais cliniques, de laboratoires de recherche bien dotés en ressources et de chercheurs et personnels hautement qualifiés, 3) la construction de réseaux de collaboration interdisciplinaires entre les partenaires académiques, industriels, bailleurs de fond et la communauté civile.

Une avancée dans les concepts et technologies de vaccination

Les années de recherche menées sur le virus VIH et la physiopathologie de l’infection ont permis de grandes avancées, notamment dans les domaines de l’immunologie, la virologie et la vaccinologie. Toutes les études autour de la structure de la protéine d’enveloppe du VIH ont entre-autres permis de poser les bases du développement de vaccins basés sur la structure virale. Les outils d’analyse du génome viral développés pour séquencer le virus VIH sont maintenant utilisés pour étudier d’autres pathogènes comme le SARS-CoV-2. Un des exemples cités par le Dr Tatoud concerne la contribution des Drs Barney Graham (NIAID, NIH) et Jason McLellan (Université du Texas), deux spécialistes du VIH, dans la recherche sur le SARS-CoV-2et plus particulièrement l’étude de la protéine spike de l’enveloppe virale. Leurs expertises en biologie structurale, chimie et immunologie ont conduit au développement de l’immunogène utilisé dans le vaccin Moderna.

De même, l’étude des mécanismes de réponse immunitaire contre le VIH a beaucoup apporté pour l’étude sur le SARS-CoV-2. L’expertise du Scripps Institute (San Diego) sur l’étude des anticorps neutralisants à large spectre contre le VIH a été importante. Les équipes y travaillant ont élaboré et optimisé les outils pour isoler et caractériser ce type d’anticorps. Ces outils ont permis d’étudier de manière rapide la réponse anticorps contre le SARS-CoV-2.

La recherche d’un vaccin contre le VIH a contribué de manière significative au développement des technologies des vecteurs viraux et plus particulièrement les vecteurs non réplicatifs. De nombreuses plateformes de développement de candidats vaccins ont été créés par les industries pharmaceutiques. Le vaccin contre le VIH à base de vecteur adénoviral développé par Janssen et Harvard, actuellement en phase 3, a servi de base pour créer leur vaccin contre le SARS-CoV-2. Les premiers résultats à 28 jours sur 66 participants américains montrent qu’une dose de ce vaccin est efficace à 72% dans la prévention des formes sévères de Covid-19.  

Expertise technique et infrastructures optimisées

La seconde contribution majeure de la recherche VIH concerne le développement d’infrastructures optimisées et de personnels expérimentés dans les essais vaccinaux. L’expertise des réseaux de recherche HVTN (HIV Vaccine Trial Network) et HPTN (HIV Prevention Trial Network), dans la mise en place d’essai clinique à large échelle et l’analyse des données, a été d’une grande aide lors de cette pandémie. Les membres de ces réseaux ont joué un rôle clé dans la mise en place rapide des premiers essais de thérapie et vaccination contre la Covid-19.

Dans la lignée, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) a créé un réseau spécifique pour la Covid-19, le COVID-19 Prevention Network (CoVPN), pour répondre au besoin urgent de vaccins et thérapies contre le SRAS-CoV-2. Pour cela il s’est appuyé sur l’expertise en maladies infectieuses des réseaux de recherche existants et des partenaires mondiaux ; dont trois réseaux de recherche sur le VIH : HPTN, HVTN, ACTG (AIDS Clinical Trials Group). Les partenaires du réseau HVTN ont d’ailleurs réalisé les premières mesures pour les essais cliniques du CoVPN, notamment la mesure de la réponse anticorps neutralisante et cellulaire.

Une approche multipartenaire

De nombreux partenariats public-privé se sont mis en place dans la recherche sur le VIH. Ils ont aidé à renforcer et améliorer les modèles financiers de partage des risques pour les stratégies d’accès mondiales et le partenariat entre les bailleurs de fonds et les scientifiques. Ces partenariats sont maintenant utilisés dans la recherche d’un vaccin contre le SARS-CoV-2. L’expertise acquise par les chercheurs, cliniciens dans le cadre du VIH est aussi utilisée. Prenons l’exemple de l’opération Warp Speed, mis en place par le gouvernement fédéral des États-Unis pour faciliter et accélérer le développement, la fabrication et la distribution de vaccins thérapeutiques et diagnostics contre la Covid-19. Un tiers des membres de ce groupe de travail se trouvent être des leaders du domaine du vaccin contre le VIH.

Un autre point à tenir en compte concerne tout le travail mené dans la recherche sur un vaccin contre le VIH, pour construire des partenariats solides et de confiance avec les acteurs communautaires. Cela a notamment permis de s’assurer que les essais de vaccins anti Covid-19 recrutaient auprès de populations diverses, contribuant ainsi à garantir que les vaccins, une fois approuvés, pourront être indiqués pour ces différentes populations.

Le Dr Tatoud a terminé sa présentation en posant la question à l’envers : comment la recherche et le développement d’un vaccin dans le cadre de la Covid-19 peut à son tour aider la recherche d’un vaccin contre le VIH. Cette crise sanitaire nous a montré la rapidité avec laquelle on peut obtenir des résultats lorsque des ressources suffisantes sont investies pour développer un vaccin de manière prioritaire. Et ce n’est pas qu’au niveau scientifique que la rapidité c’est fait sentir, mais aussi au niveau réglementaire. Alors qu’à l’ordinaire cette partie prend beaucoup de temps, elle a pu être accélérée pour répondre aux besoins urgents de la pandémie. Il faudrait tenir compte de ces différents éléments pour l’appliquer à la recherche et le développement des vaccins anti-VIH. 

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