Chaque année, 360 000 adolescentes et jeunes femmes sont infectées par le virus du VIH. L’Afrique subsaharienne comptabilise le plus grand nombre de jeunes femmes ou d’adolescentes vivant avec le VIH dans le monde (80 % de l’effectif total). Le taux d’infection chez ces jeunes femmes d’Afrique subsaharienne est deux fois plus important que chez les hommes du même âge. De nombreux mouvements, tels que « Generation Now » ou « # WhatWomenWant », ont émergé ces dernières années, pour faire entendre la voix de ces femmes et promouvoir des engagements en matière de politiques et de programmes sur le VIH, ainsi que sur la santé sexuelle et reproductive.
Au cours de la conférence satellite de « Generation Now », de nombreux témoignages sont venus renforcer cette nécessité de développer et d’assurer des services de santé sexuelle pour les jeunes femmes et les adolescentes. Rose Wilcher (FHI360, USA) a démontré l’importance d’associer les services de santé sexuelle et reproductrice à ceux dédiés au VIH. Cette initiative permettrait aux femmes vivant avec le VIH, ou à haut risque d’infection, d’avoir accès, dans un même lieu, aux informations et aux services dont elles ont besoin. Au Kenya, ces offres multi-services viennent d’être implantées dans les cliniques de santé maternelle et infantile (MHC : Maternal and Child Health clinic).
En complément des soins de routine pratiqués, ces cliniques proposent des services de dépistage, de traitement et de prévention (prescription de la PrEP). À la différence des centres consacré au VIH, la mise en place de ces plateformes au sein des cliniques atténue la crainte de stigmatisation pour les femmes qui viennent consulter. Cette offre de soin fait partie du programme PrIYA1, mis en place au Kenya et dans neuf autres pays d’Afrique subsaharienne, grâce à l’initiative DREAMS2. Le Dr John Kinuthia (Kenyatta Hospital, Kenya), qui travaille sur ce projet, a présenté les nombreux avantages de la PrEP pour les femmes enceintes. Avec cette méthode de prévention, les femmes contrôlent elles-mêmes leur santé sexuelle. Le traitement n’interfère pas sur la grossesse ou l’allaitement, et protège aussi bien la mère que l’enfant. Pour autant, certaines femmes sont encore réticentes à utiliser la PrEP. Les raisons invoquées ? Le besoin de consulter leur partenaire, le sentiment de ne pas faire partie des populations dites à haut risque, ou encore la lourdeur du traitement.
Pour conclure, cette journée a prouvé que pour avancer dans la lutte contre le VIH, de gros efforts doivent être entrepris dans les pays où les femmes sont encore discriminées. Elles doivent être accompagnées, dès l’adolescence, afin de s’épanouir et d’être en mesure de faire des choix par et pour elles-mêmes.
1- PrIYA : Pre-exposure Prophylaxis Implementation for Young Women and Adolescents
2- DREAMS : partenariat public-privé entre le PEPFAR (), la fondation Bill et Melinda Gates, GirlsEffect et trois industries pharmaceutiques (Gilead, ViiV HealthCare, Johnson&Jonhson) ; dont le but est de réduire le nombre d’infection VIH chez les jeunes femmes dans dix pays d’Afrique subsaharienne.