Depuis quelques années , la bithérapie est dans l’air du temps. Ce n’est donc pas un hasard si après avoir sorti le Juluca® en 2018, le laboratoire ViiV Healthcare lance une deuxième bithérapie en un seul comprimé par jour : le Dovato®. Sans être révolutionnaire, puisque ce médicament combine deux molécules existantes (le dolutégravir et la lamivudine [DTG + 3TC]) et déjà prescrites en association, il offre une nouvelle option thérapeutique pour les adultes et les adolescents de plus de 12 ans, naïfs de traitement VIH.
Les essais Gemini 1 et 2 (menés sur plus de 1 400 adultes) ont prouvé pour ces patients une efficacité quasi identique à la trithérapie à 96 semaines.
Une avancée en termes de stratégie thérapeutique
« Il faut cependant rester prudent, car pour le moment nous ne savons pas encore ce que cela donnera à cinq ans, prévient la Pr Karine Lacombe, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris). Il faut aussi garder à l’esprit que ce médicament ne concernera que les patients qui n’ont pas encore reçu de traitement pour leur infection par le VIH et qui n’ont pas une charge virale trop élevée ni des CD4 trop bas. » Et d’ajouter : « Comme il est composé de dolutégravir, qui est potentiellement dangereux pour le fœtus, il ne pourra pas non plus être prescrit aux femmes qui ont un désir de grossesse. Autre facteur d’exclusion de la bithérapie : l’hépatite B, car les patients qui en sont atteints ont besoin du ténofovir, lequel n’entre pas dans la composition de cette bithérapie. »
Cet allégement du traitement a été rendu possible par l’arrivée sur le marché il y a quelques années du dolutégravir, qui peut rendre superflu le ténofovir ou l’abacavir. Une bonne nouvelle, car « chez certaines personnes, le ténofovir pouvait accélérer la détérioration de la fonction rénale. Quant à l’abacavir, alternative au ténofovir, il pourrait accroître le risque d’infarctus du myocarde », précise la Pr Karine Lacombe.
« Le recours à une bithérapie devrait logiquement permettre de réduire les effets secondaires pour le patient, étant ainsi exposé à moins de médicaments, mais la moindre toxicité du Dovato® par rapport à une trithérapie n’a pas été scientifiquement prouvée », prévient toutefois la Dr Anne Simon, du service de médecine interne de la Pitié-Salpêtrière (Paris), qui considère la sortie de ce médicament comme intéressante, surtout en termes de simplification thérapeutique.