« Le manque de respect nuit directement à la qualité de la prise en charge » 
Comment mieux respecter, au quotidien, les droits et la dignité des personnes qui vivent avec le VIH ? Récemment publié par Sidaction, le nouveau livret L’éthique en action répond à la question. Depuis le consentement libre, le secret médical en passant par le non-jugement et la non-discrimination, ce guide pratique fait le point sur les grands principes éthiques qui contribuent à la bonne qualité des soins. Mélanie Quétier et René Sankara, les deux auteurs, nous le présentent.
Transversal : Pourquoi avoir rédigé ce guide ?
Mélanie Quétier : Le guide est basé sur les formations que Sidaction a menées auprès de 7 associations dans 5 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre en 2019 et en 2020. Au cours de ces formations, nous nous sommes rendu compte, en travaillant avec les associations présentes, de l’importance des besoins en information autour des questions éthiques, de la confidentialité, du non-jugement, du secret professionnel. Il nous est apparu nécessaire de développer un outil pratique pour accompagner les associatifs, les professionnels de santé et les usagers sur ces questions.
René Sankara : En ce sens, le guide s’attache à donner tous les éléments utiles aux professionnels de santé, aux associatifs et aux usagers des structures de soin, pour mieux comprendre ce que signifie concrètement l’éthique dans la prise en charge et identifier les bonnes pratiques.
T : Que trouve-t-on dans ce guide ?
M.Q. : Ce guide est très concret. Il s’agit d’aider le lecteur à clarifier leurs connaissances et à mettre à plat leurs pratiques quotidiennes. Le guide s’attache, par des définitions précises, à expliciter les principes éthiques essentiels à la prise en charge des PVVIH ou des populations les plus exposées : qu’entend-t-on par non-jugement, par confidentialité, qu’est-ce que le secret professionnel ou médical ? En parallèle, le guide rappelle dans quels cadres ces principes s’inscrivent, les lois nationales, les conventions internationales, les grands textes de référence qui s’appliquent. Ces rappels sont complétés, dans chaque chapitre, par des exercices pratiques, des animations pédagogiques qui viennent confronter les grands principes énoncés au quotidien des lecteurs.
R.S. : Ce guide a pour ambition d’identifier ce que sont les bonnes pratiques. Il propose par exemple deux rubriques, les « bons reflexes » et les « histoires insolites », qui listent les bonnes attitudes à adopter et, en reprenant des expériences vécues, viennent illustrer la théorie et les recommandations du guide pour les ancrer dans le concret.
T : A quel public est-il destiné ?
M. Q. : Le guide s’adresse à tous les professionnels, toutes les structures, toutes les associations qui accompagnent, soignent les PVVIH, ou font de la prévention auprès des populations exposées. Des conseils d’administration aux accueillants, des professionnels de santé aux équipes techniques, de la direction aux animateurs de prévention, ce guide vise une audience large. Il s’adresse également aux usagers des structures : cet outil les informe sur leurs droits, les sensibilise aux règles et aux pratiques qui assureront une prise en charge respectueuse de leurs droits. Ce guide peut s’utiliser seul, mais également comme outil pour renforcer les capacités les compétences des équipes des structures de soins.
R.S. : L’objet de ce guide est de renforcer les capacités de tous les personnels qui côtoient, de près ou de loin, les PVVIH ou les personnes exposées pour leur permettre d’adopter les attitudes respectueuses de la dignité humaine.
T : Pourquoi est-il important de sensibiliser les associatifs aux principes de l’éthique, notamment ceux qui régissent l’accueil du patient ?
M.Q. : En premier lieu, il s’agit d’une exigence de qualité pour les associations, pour que la prise en charge des PVVIH se fasse dans les meilleures conditions. Par ailleurs, il s’agit d’être en phase avec les grands objectifs de la lutte contre le VIH et des réalités de l’épidémie sur le terrain, la réalité des enjeux en matière de prévention et de prise en charge. En ce sens, le guide aborde le sujet des minorités sexuelles, des personnes trans ou des travailleurs et des travailleuses du sexe, en replaçant au centre l’importance du non-jugement, de la non-discrimination dans la prise en charge. Pour les associations qui souhaiteraient s’ouvrir à ces publics, mais qui ne les connaissent pas, le guide permet d’interroger et d’analyser ses préjugés ou d’accompagner les personnels à confronter leurs croyances aux exigences éthiques.
R.S. : Aujourd’hui encore, un certain nombre de droit fondamentaux ne sont pas respectés, en particulier au niveau de l’accueil. Malheureusement, le manque de respect montré aux patients, les paroles jugeantes qui leurs sont dites, les comportements discriminants nuisent directement à la qualité de la prise en charge et des soins.
Le guide L’éthique en action est, dès aujourd’hui, disponible au téléchargement
