vih Le métabolisme cellulaire des lymphocytes T CD4, nouvelle cible thérapeutique contre le VIH ?

23.01.19
Nora Yahia
4 min

Les lymphocytes T CD4 sont les cibles majeures du virus VIH et constituent également une source importante des réservoirs viraux. Pour autant, les différentes sous-populations de lymphocyte T CD4 ne semblent pas être infectées de la même manière par le virus. Les lymphocytes dits « naifs » résistent à l’infection, alors que les lymphocytes plus « différenciés » sont plus susceptibles à être infectés. Cette susceptibilité des lymphocytes à l’infection dépend de plusieurs facteurs cellulaires, utilisés par le virus pour se multiplier[I]. C’est notamment le cas desvoies métaboliques, qui sont impliquées dans les réponses immunitaires. Après activation, les lymphocytes TCD4 augmentent de manière considérable les mécanismes cellulaires de la glycolyse pour combler leur besoin en énergie [II]. Certains virus utilisent des transporteurs de métabolite comme récepteurs, comme le fait le virus HTLV-1 avec le transporteur du glucose [III]. Ici, l’équipe de l’Institut Pasteur s’est intéressée à l’inverse au rôle potentiel du métabolisme glucidique de ces lymphocytes sur l’infection par le VIH [IV].

L’équipe parisienne a cherché à savoir si le métabolisme glucidique différait en fonction des sous-populations de lymphocytes, et si cela pouvait influencer la susceptibilité de ces cellules à l’infection par le VIH. Les expérimentations menées in vitro indiquent une différence de susceptibilité à l’infection suivant les sous-populations de lymphocytes : les lymphocytes naifs (Tn) résistent à l’infection, alors que les lymphocytes mémoires effecteurs (Tem) sont les plus susceptibles à l’infection. Une analyse du transcriptome a permis de révéler que cette différence observée au niveau de l’infection entre les sous-populations est corrélée à l’expression de gènes impliqués dans les voies métaboliques. Ces données prouvent donc que les cellules hautement actives d’un point de vue métabolique offrent un terrain favorable au virus pour qu’il se multiplie.

Au vue du rôle prépondérant de l’activité métabolique, serait-il alors possible de stopper la propagation du virus en bloquant ces voies ? Les expériences menées vont en ce sens puisqu’elles montrent qu’en présence d’inhibiteur de la glycolyse, le taux d’infection des lymphocytes T CD4 diminue. Qu’en est-il du réservoir viral ? L’utilisation d’un inhibiteur de la glycolyse permet non seulement de bloquer l’infection mais également d’éliminer les cellules infectées. Les chercheurs ont donc testé cet inhibiteur sur des lymphocytes T isolés de patients sous traitement. En premier lieu, ils ont activé ces cellules in vitro pour induire une réactivation des réservoirs ; puis ils ont ajouté l’inhibiteur. En sa présence la multiplication virale (mesurée par la production de protéine p24) était bloquée.

En conclusion, cette étude montre que le virus a besoin d’un environnement cellulaire avec une forte activité métabolique pour se multiplier. Serait-il alors possible de développer des thérapies ciblant ces voies métaboliques pour contrer l’infection ? La question est posée, mais il reste encore des paramètres à investiguer avant de pouvoir y parvenir. En effet, les expérimentations ayant été menées sur des lymphocytes circulants, qu’en est-il des lymphocytes T dans les tissus ? Comment cibler de manière spécifique les cellules infectées sans affecter la survie des cellules saines ?

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