vih Le sang des étrangers

16.12.19
Arnaud Veïsse, directeur général du Comité pour la santé des exilés (Comede)
3 min

Funeste période pour la santé des étrangers. Le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle restriction de l’accès aux soins des plus précaires, sans précédent par son ampleur. En imposant un délai de trois mois avant l’accès à la Sécurité sociale pour les demandeurs d’asile, en reportant à trois mois supplémentaires l’accès à l’aide médicale d’État pour les personnes sans-papiers entrées en France avec un visa et en réduisant de un an à six mois le délai de maintien de droit à l’assurance maladie à l’encontre des étrangers en séjour précaire, cette réforme conduira à des renoncements et des retards de soins potentiellement graves pour des centaines de milliers de personnes. Privées d’accès aux soins préventifs et curatifs précoces, ces personnes seront contraintes d’attendre l’aggravation de leur état de santé pour se rendre à l’hôpital, engendrant un coût décuplé sur le plan humain et financier. Ces décisions favoriseront le développement de pratiques de restrictions et de refus de soins, comme on le constate déjà dans les sollicitations lors des permanences téléphoniques du Comede.

Cette nouvelle réforme constitue le point d’orgue d’une politique de précarisation continue du statut des étrangers en France au cours des trente dernières années, dans un climat de progression de la xénophobie. Seule éclaircie pour les malades, la reconnaissance en 1998 du droit au séjour pour raison médicale, obtenue grâce notamment à la mobilisation des associations de lutte contre le sida, est désormais en danger. Avec la réforme de 2016, la reprise en main par le ministère de l’Intérieur de l’évaluation médicale a conduit à une baisse drastique de l’application de ce droit pour les malades concernés, incluant les personnes vivant avec le VIH au mépris des recommandations du ministère de la Santé. À leur tour, les droits des malades s’effacent devant le « contrôle de l’immigration ».

Figure emblématique des ministres de l’Intérieur depuis la révolution, Joseph Fouché a fait l’objet d’une biographie de la part d’un exilé célèbre, Stefan Zweig. En voici un extrait : « Hélas ! L’histoire universelle n’est pas seulement, comme on la montre le plus souvent, une histoire du courage humain ; elle est aussi une histoire de la lâcheté humaine ; et la politique n’est pas, comme on veut absolument le faire croire, l’art de conduire l’opinion publique, mais bien la façon dont les chefs s’inclinent en esclaves devant les courants qu’eux-mêmes ont créés et orientés. […] C’est ainsi que naissent les crimes politiques ; aucun vice, aucune brutalité sur la terre n’a fait verser autant de sang que la lâcheté humaine. » Pour nos gouvernements contemporains, il s’agit du sang des étrangers.

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