Une nouvelle étude danoise présentée lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID) qui se tenait cette année à Copenhague, au Danemark, du 15 au 18 avril, révèle qu’il est possible de détecter le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C à partir d’une seule goutte de sang.
Le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C sont trois infections virales graves qui ont un lien étroit entre elles. Ces virus peuvent être transmis par le sang ou d’autres fluides corporels lors de rapports sexuels non protégés, par le partage de seringues contaminées ou de matériel d’injection, ou de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement.
Bien que chacun de ces virus provoque des maladies distinctes, ils partagent certains facteurs de risque communs. Chaque année, plus d’un million de personnes meurent de l’hépatite B ou de l’hépatite C, tandis que 650 000 personnes décèdent des suites du VIH et 1,5 million contractent le virus.
L’Organisation mondiale de la santé a fixé comme objectif l’élimination de ces trois virus d’ici 2030 dans le cadre de sa stratégie mondiale de santé, mais de nouveaux tests sont nécessaires pour améliorer les stratégies de dépistage et réduire le nombre de cas.
Le test le plus couramment utilisé pour détecter l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH consiste à prélever un échantillon de sang veineux à l’aide d’une aiguille. Bien que cette méthode soit très efficace, il existe un réservoir potentiellement important de ces trois infections dans des endroits où cette méthode n’est pas adaptée :
- Les prisons, centres de désintoxication ou refuges pour sans-abri, où le prélèvement d’échantillons de sang veineux n’est pas toujours approprié,
- Les endroits où l’utilisation d’une aiguille peut présenter des risques pour des raisons de sécurité,
- Les pays où le transport et le stockage réfrigéré d’échantillons de sang peuvent poser des problèmes,
- Les localités où il existe un risque d’endommager l’échantillon de sang avant son transfert vers un laboratoire capable de l’analyser.
M. Stephen Nilsson-Møller et ses collègues du Département de microbiologie clinique de l’hôpital universitaire de Copenhague, au Danemark, ont validé un test sur taches de sang séché, dans lesquels une seule tache de sang est testée pour détecter les acides nucléiques des trois virus. Pour réaliser le test, le doigt de la personne est piqué et quelques gouttes de sang sont recueillies sur du papier filtre et laissées sécher.
Le système de test Hologic Panther, largement présent dans les laboratoires de santé publique, utilise ensuite une technique appelée « amplification médiée par transcription » pour analyser l’une des gouttes de sang à la recherche de matériel génétique des trois virus. L’analyse est conçue pour être effectuée normalement sur des échantillons liquides de plasma ou de sérum, et non sur des échantillons séchés comme dans cette étude.
Vingt échantillons contenant des quantités connues de VIH, d’hépatite B et d’hépatite C ont été analysés sur du sang séché (60 au total) et les virus ont été détectés dans tous les échantillons. Le plasma a également été dilué pour déterminer la limite inférieure de détection. Les résultats ont montré qu’il était possible de détecter les virus à des niveaux bien inférieurs à ceux généralement observés chez les patients non traités.
M. Nilsson-Møller déclare : « Nous avons démontré qu’il est possible de détecter le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C à partir d’une seule goutte de sang en utilisant les équipements hospitaliers existants ». Le chercheur précise également que le sang séché peut être conservé neuf mois sans réfrigération, alors que les échantillons de sang frais doivent être analysés dans les six heures s’ils sont conservés à température ambiante
Cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la détection précoce de ces infections mortelles, en particulier dans les régions où les ressources médicales sont limitées et où les méthodes traditionnelles sont difficiles à mettre en œuvre. L’utilisation d’un simple échantillon de sang peut faciliter les tests dans les contextes les plus complexes, et cela pourrait contribuer à sauver de nombreuses vies à travers le monde.