Le remède contre le VIH représente le Saint Graal que tous les chercheurs à travers le monde espèrent découvrir. Cette quête du traitement permettant d’éradiquer le VIH repose sur trois piliers : la recherche fondamentale, les essais cliniques et l’étude des comportements éthiques et sociaux. La recherche fondamentale et les essais cliniques permettent d’identifier les mécanismes viraux et immunitaires mis en place lors de l’infection, et de tester des thérapies susceptibles de maîtriser celle-ci. Le pendant éthico-social fait partie intégrante de ce processus. Il est primordial de connaitre la perception qu’a la société vis à vis de la recherche, ainsi que les impacts que cela peut engendrer au niveau individuel et/ou collectif. Cela est d’autant plus important qu’il est essentiel de collaborer pour trouver une solution. Pour ce faire, chacun doit pouvoir prendre connaissance des données des autres. Les données scientifiques doivent être accessibles à tous, et les chercheurs doivent être en mesure de comprendre le point de vue de la communauté. C’est dans cette optique que cette session satellite, à travers des témoignages de chercheurs, de cliniciens et de personnes vivant avec le VIH, a été réalisée.
L’introduction fut pour le moins interactive pour l’auditoire. Mickael Louella (defeatHIV, USA) a proposé aux participants de construire un chemin de brique jaune, comme celui du Magicien d’Oz, menant au remède contre le VIH. Pour cela l’assemblée, divisée en plusieurs groupes, a dû répondre à la question suivante : quelles qualités doit posséder le remède idéal contre le VIH ? Chaque qualité était notée sur des carrés de papier jaune qui, une fois réunis, dessinaient ce fameux chemin. Au terme du voyage, parmi les qualités citées, trois sont revenues plus souvent que les autres : efficace en une seule prise, accessible à tous, et sans effets secondaires.
Pour être réellement efficace, ce remède devra également agir sur les cellules réservoirs, qui restent aujourd’hui le principal obstacle à la guérison du VIH. Ces réservoirs étant présents dans de nombreux tissus (cerveau, intestins, poumons, etc.), leur analyse chez l’homme reste difficile. Des biopsies peuvent être réalisées sur des personnes vivant avec le VIH engagées dans des essais cliniques, mais cette méthode très encadrée reste contraignante pour les patients et ne permet pas d’étudier le réservoir dans sa globalité. Monique Nijhuis (University Medical Center, Utrecht) a expliqué que pour avoir une vision globale du réservoir, les chercheurs réalisent des analyses post-mortem. Ce type d’analyse a notamment pu montrer que les cellules réservoirs présentes dans le cerveau diffèrent de celles présentes dans le reste du corps. Il semble même exister une compartimentation de ces cellules au sein de l’organe. Pour étudier ces cellules dans un contexte vivant, les avancées technologiques ont permis de mettre au point un modèle organoïde représentant un cerveau. Ce modèle 3D de cerveau a été créé à partir de fibroblastes mis en culture avec des cellules souches pluripotentes (iPSCs). Composé de neurones, astrocytes et microglies, il permet aux chercheurs d’analyser l’impact du virus sur le système nerveux central.
Il reste encore de nombreux challenges technologiques à relever pour détecter et monitorer ces cellules réservoirs. Les équipes de recherche continuent donc leurs efforts, dans l’espoir que le remède au VIH soit rapidement découvert.