Les essais sur l’anneau vaginal se poursuivent avec l’espoir de meilleurs résultats

En février à la CROI 2016, conférence sur les rétrovirus et infections opportunistes, les résultats de deux essais de phase III, ASPIRE et Ring Study, impliquant 4 588 femmes dans quatre pays et concernant l’utilisation d’un anneau vaginal, ont été présentés. L’anneau, gardé dans le vagin un mois, contient l’antirétroviral dapirivine progressivement relargué localement dans l’organisme. Les essais ont démontré une efficacité de 30 % (27 et 31 %) au total, avec une protection nulle chez les plus jeunes femmes (moins de 21 ans). La communauté scientifique espérait une protection plus élevée avec ce nouvel outil, mais il s’est avéré qu’un grand nombre de femmes ne portaient pas l’anneau continuellement. Ainsi, les analyses plus poussées ont montré que la protection était directement corrélée à l’utilisation de l’anneau. Et celui-ci a réduit le risque d’infection par le VIH jusqu’à 75 % parmi les femmes qui l’ont utilisé régulièrement. « Comme pour la PrEP orale, cela fonctionne lorsqu’on la prend, ici, lorsque l’anneau est mis », explique Sharon Hillier de l’université de Pittsburg aux Etats-Unis. Et avec ses collaborateurs ils s’appuient sur le fait que lorsque les participants à un essai savent qu’un produit est sûr et qu’il marche, même partiellement, l’observance augmente. Ainsi, les phases ouvertes des essais ASPIRE, nommé HOPE, et Ring Study, nommé DREAM, commencent avec de meilleurs résultats espérés. Il faudra toutefois questionner en détail les raisons de la non-utilisation de l’anneau.

Des études qualitatives ont été menées en parallèles à ces essais et vont se poursuivre pour connaitre les avantages et inconvénients rencontrés par les femmes avec l’anneau. Le travail mené par Nicole Laborde (International in Research Triangle Park, Caroline du Nord, Etats unis), dans l’essai ASPIRE, interroge les femmes utilisant l’anneau (214 participantes interrogées) sur la qualité de leurs rapports sexuels. Pour la majorité d’entre elles, l’anneau n’affectait pas négativement la qualité de leurs rapports. Toutefois, certaines femmes étaient préoccupées par la possibilité que leur partenaire découvre la présence de l’anneau et y remédiait parfois en enlevant celui-ci juste avant le rapport sexuel, ce qui n’était pas recommandé dans l’étude, ou en limitant la fréquence des rapports. Dans l’ensemble de l’essai ASPIRE 5% des femmes ont rapporté des violences conjugales ou des préjudices sociaux. Elles avaient 2,5 fois plus de risque d’être non-observante pour l’anneau vaginal. Des travaux à poursuivre pour aller plus loin selon Thesla Palanee-Phillips (Wits Reproductive Health and HIV Institute, Johannesburg, Afrique du Sud) qui a mené cette étude.

L’importance d’avoir une palette de choix d’outils de prévention pour les femmes semble désormais centrale et plusieurs options sont en cours de développement au-delà de l’anneau vaginal : l’implant, les antirétroviraux injectables à longue durée d’action, le film vaginal et le comprimé vaginal ou rectal. De nouveaux supports de médicament pour la prophylaxie qui devraient « intégrer une contraception et/ou une prévention contre d’autres infections sexuellement transmissibles, pour répondre à la demande des femmes d’avoir des formulations combinées », rapporte Sharon Hillier dans sa présentation plénière à HIVR4P (Conférence HIVR4P : PL03.03 – Rings and Things). La phase ouverte des essais avec l’anneau contenant la dapivirine n’est apparemment qu’une première étape dans ce renouveau des microbicides.