vih Les femmes face au VIH : l’ONUSIDA appelle à prendre des mesures draconiennes

08.03.20
Coline Grunblatt
3 min
Visuel Les femmes face au VIH : l’ONUSIDA appelle à prendre
des mesures draconiennes

Alors que le Programme d’action de Pékin, adopté lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en 1995, constitue encore à ce jour le corpus de recommandations le plus progressiste et complet en faveur du droits des femmes, de nombreuses promesses visant à améliorer le sort des femmes et des filles dans le monde n’ont toujours pas été tenues. Une situation qui contribue à perpétuer les discriminations, la stigmatisation, les violences basées sur le genre.

Sorti le jeudi 5 mars dernier, un nouveau rapport de l’ONUSIDA intitulé We’ve got the power – Les femmes et adolescentes et la réponse au VIH fait le point sur l’épidémie de VIH/sida chez les femmes. Étayé par les résultats de nombreuses études, il pointe les obstacles qui subsistent pour atteindre l’égalité entre les genres, condition essentielle pour lutter efficacement contre l’épidémie de VIH/Sida.

Une épidémie majoritairement féminine

Le rapport note qu’en 2018 les filles et les femmes représentaient la majorité (52%) des personnes vivant avec le VIH dans le monde. Près de 40 ans après le début de la riposte, le VIH/sida demeure une des principales causes de mortalité chez les femmes de 15 à 49 ans et près de 6 000 jeunes femmes de 15 à 24 ans sont contaminées par le virus chaque semaine. En Afrique subsaharienne, sept jeunes femmes sur dix n’avaient pas de connaissances approfondies sur le VIH.

Pour la nouvelle directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, il n’y a désormais « plus d’excuses » face à cette situation. Elle insiste ainsi en conclusion du rapport : «Nous avons besoin d’une action féministe audacieuse pour mettre fin aux inégalités entre les sexes, pour lutter contre les tabous autour de la sexualité des femmes et pour cesser de priver les femmes de leurs libertés fondamentales et de leur autonomie en ce qui concerne leur propre corps et leurs choix de vie ».

Une priorité : lutter contre les violences faites aux femmes

Le rapport de l’ONUSIDA met en avant certains aspects à aborder en priorité, dont l’éradication de la violence à l’égard des femmes. Dans les régions à haute prévalence du VIH, il est en effet prouvé que les violences exercées par un partenaire intime augmentent de 50 % le risque de contamination chez les femmes.

We’ve got the power fait également un certain nombres de recommandations aux gouvernements. Parmi celles-ci, favoriser l’accès à l’éducation et à la santé pour toutes, la levée des obligations de consentement marital ou parental pour accéder aux services de santé sexuelle et reproductive, de dépistage et de prise en charge du VIH, ou l’autonomie économique et l’implication des femmes dans les prises de décisions publiques y figurent en bonne place.

Ce rapport signale néanmoins que quelques progrès ont été réalisés. La mobilisation et l’activisme, notamment de la part des femmes, a permis d’atteindre le nombre de 24,5 millions de personnes sous traitements antirétroviraux en 2019. Par ailleurs, davantage de filles sont scolarisées et l’écart au niveau du taux de scolarisation en école primaire des garçons et des filles se résorbe dans le monde entier. Dans certains pays, un nombre croissant de femmes sont impliquées dans la vie politique et d’autres gouvernements protègent dorénavant les droits des femmes dans leur législation.

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