Les PVVIH de
plus en plus touchées par les cancers liés au vieillissement A mesure que les personnes vivant avec le VIH vont vieillir, elles seront plus touchées par des cancers liés au vieillissement et au mode de vie, comme en population générale : c’est ce que vient de montrer pour la première fois une grande étude européenne. Détails.
Le cancer est un problème de santé majeur pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Il est, chez elles, la première cause de mortalité et les touche deux à trois fois plus qu’en population générale. Ce risque accru est dû à plusieurs facteurs : l’infection par le VIH même, le plus grand risque d’être co-infectés par d’autres virus pouvant induire une tumeur (papillomavirus humains, virus des hépatites B et C,…). Une consommation de tabac et alcool en moyenne plus élevée, etc.
Jusqu’ici les PVVIH étaient surtout concernées par des « cancers liés à des infections », c’est-à-dire provoqués par des virus ou des bactéries (cancers de l’anus causé par le virus du papillome humain, du foie lié aux virus des hépatites B et C, de l’estomac dû à la bactérie H. pylori ; etc.). Or à l’avenir, la situation devrait s’inverser : lors d’une étude publiée en début septembre, la Britannique Leah Shepherd (University College Medical School de Londres) et ses collègues sont arrivés à la conclusion qu’avec le vieillissement de la population des PVVIH – possible grâce à l’arrivée de la trithérapie en 1996 –, celles-ci devraient être plus touchées par des cancers liés au vieillissement et au mode de vie (cancers colorectal, du poumon, de la prostate, du sein,…). En d’autres termes, les taux des différents cancers chez les PVVIH devraient se rapprocher de ceux de la population générale. « Nos résultats sont très importants : ils soulignent la nécessité de développer des mesures de prévention et de traitement des cancers ciblées », commente Leah Shepherd.
De l’importance d’un dépistage régulier
La chercheuse et son équipe ont analysé les données de santé recueillies sur près de 16 000 PVVIH de la cohorte européenne EuroSIDA, suivies entre 2001 et 2012, et dont 4% (610) ont développé un cancer. Et il apparu qu’à ce jour, tous âges confondus, les cancers liés à des infections représentent 60 % des nouveaux cas de cancers ; et les cancers non liés à des infections, 40 %. En revanche, en analysant de plus près le groupe des 51 ans et plus, les chercheurs ont constaté que l’incidence des cancers non liés aux infections y était 7 fois plus élevée que chez les 36-40 ans. « Les cancers non liés à des infections doivent être une priorité, conseillent les auteurs. Pour réduire le fardeau des cancers évitables à long terme, il faut envisager de mener des études pour évaluer la rentabilité de programmes de dépistage [de ces cancers] chez les personnes séropositives, et des programmes d’arrêt du tabac et de d’alcool. »
Concernant spécifiquement la France, « Il n’existe pas de données récentes sur cette question. Ceci dit, en toute logique on peut aussi s’attendre à une évolution similaire, commente le Dr Isabelle Poizot-Martin (CHU Sainte Marguerite, Marseille). Donc les PVVIH doivent bien veiller à se faire dépister régulièrement pour les cancers liés au vieillissement et au mode de vie, dont notamment le cancer colorectal ». Jusqu’à maintenant, la seule différence de recommandations entre la population générale et les personnes séropositives concerne le cancer du col de l’utérus, dont le dépistage est conseillé aux femmes vivant avec le VIH tous les ans, au lieu de tous les trois ans. Bientôt la création de nouveaux référentiels ?
