vih L’étude ANRS Prévenir confirme l’efficacité de la PrEP à la demande

04.05.21
Cécile Josselin
5 min

L’essai Ipergay avait démontré, en 2015, l’efficacité de la PrEP à la demande avec 97 % d’efficacité. Pour confirmer ces résultats « en vie réelle », l’étude ANRS Prévenir a suivi près de 3000 personnes pendant 3 ans.

Le 9 mars dernier, le Pr Jean-Michel Molina, chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis à Paris présentait à la CROI 2021 les résultats de l’étude ANRS Prévenir.

Menée en partenariat avec le Pr Jade Ghosn (Service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-Université de Paris), l’équipe de la Pr Dominique Costagliola et le Dr Lambert Assoumou (Inserm), Daniela Rojas Castro (Aides / Coalition Plus), cette étude suit depuis mai 2017 3067 personnes à haut risque de contamination par le VIH en Île-de-France. Son but : confirmer l’efficacité et la bonne tolérance de la PrEP (Emtricibatine/Fumarate de Ténofovir disoproxil) en vie réelle.

Âgés en moyenne de 36 ans (29 à 43 ans) les patients suivis dans l’étude étaient presque exclusivement (98,5 %) des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). Parmi eux, 55,8 % utilisaient déjà la PrEP avant le début de l’étude et presque la moitié avait opté pour la PrEP à la demande (49,5 % au début. 52,2 % à la fin).

361 infections par le VIH évitées

Après un suivi moyen de 22 mois, l’incidence du VIH dans la cohorte n’a été que de 1,1 pour 1000 participants par année, dans les deux groupes. Ce qui correspond, si on se rapporte à l’incidence de 6,6 % observée dans le bras placebo de l’essai ANRS Ipergay, à 361 infections par le VIH évitées.

Au cours de l’étude, six personnes ont été infectées par la VIH, trois suite à une prise à la demande et trois suite à une prise en continue. Tous avaient eu des relations sexuelles sans préservatif après avoir arrêté la PrEP. Une trithérapie leur a été fournie dans un délai d’une semaine. Parmi eux, un seul cas de résistance à l’emtricitabine a été détecté. Ce participant avait repris la PrEP avant de vérifier l’absence d’infection par le VIH.

Les participants des deux groupes ont montré durant l’étude une bonne tolérance au médicament. Aucun patient n’a dû l’interrompre à cause d’une toxicité rénale. Seules trois personnes ont dû l’arrêter pour des problèmes digestifs (nausées ou diarrhées), qui représentent les effets indésirables les plus fréquents.

L’étude visait également à étudier l’évolution des comportements sexuels. À cet égard, les chercheurs ont observé une diminution du nombre moyen de partenaires chez les participants (en partie liée à la situation sanitaire) ainsi qu’une augmentation du nombre moyen de rapports sexuels avec ou sans préservatif, particulièrement chez ceux qui ont initié la PrEP pour l’étude. Globalement, 82 % des rapports sexuels se sont déroulés sans préservatif.

Comme ils s’y attendaient, les chercheurs ont constaté chez les participants utilisant peu les préservatifs, une incidence assez élevée de l’hépatite C (0,7 % participants par année, soit 39 patients) et surtout des IST (infections sexuellement transmissibles) bactériennes, qui ont globalement augmenté sur la période. Leur incidence était de 75,5 % participants/année, mais celle-ci est tombée à 32 % participants par année durant le premier confinement imposé par l’épidémie de la Covid-19 (du 17 mars au 11 mai 2020).

Les prochaines étapes

Deux sous-études sont actuellement en cours pour réduire l’incidence de ces IST : la première vise l’élimination de l’hépatite C par une stratégie de test and treat et la seconde (ANRS 174 Doxyvac) cherche à déterminer l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition suite à un rapport sexuel à risque par la doxycycline et une vaccination contre le méningocoque B (Bexsero®) pour essayer de prévenir les infections à Chlamydia, syphilis, gonorrhée et infection à mycoplasmes.

L’étude ANRS Prévenir sera prolongée de cinq ans. « Cela permettra de vérifier que l’observance de la PrEP reste bonne mais aussi de mieux comprendre les raisons des abandons. Nous tenterons de voir comment faire baisser l’incidence des IST et de l’hépatite C ainsi que les effets du chemsex », nous confie le professeur Jean-Michel Molina, avant d’ajouter : Nous allons inclure de nouvelles personnes en fin d’année et espérons recruter plus d’hétérosexuels mais nous ne nous attendons pas à des résultats différents car l’efficacité est liée directement à l’observance de la PrEP et non à la population étudiée. »

Approuvée par l’OMS et proposée dans un grand nombre de recommandations internationales, la PrEP à la demande voit ainsi son efficacité confirmée en vie réelle, ce qui fait dire au Pr Jean-Michel Molina : « La PrEP à la demande, comme la PrEP en continu, représente donc, chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes, une option très efficace de prévention de l’infection par le VIH. »

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