Organisée par l’International AIDS Society, la 9ème Conférence scientifique sur le VIH (IAS 2017) aura lieu du 23 au 26 juillet au Palais des congrès, à Paris
Quelle est la différence entre ces conférences scientifiques, qui se tiennent les années impaires, et les conférences internationales sur le sida des années paires, également organisées par l’International AIDS Society (IAS) ? Le contenu, qui diffère sensiblement : les premières, dont fait partie celle de Paris, ont trait essentiellement à la recherche scientifique ; les secondes, moins fournies en la matière, sont avant tout à visée politique, avec une plus grande participation du monde associatif. Ainsi, « entre 6 000 et 7 000 personnes » sont attendues à la conférence de Paris, alors que les grandes conférences internationales peuvent en accueillir «jusqu’à 17 000» rappelle Jean-François Delfraissy, coprésident de l’IAS 2017.
C’est la troisième fois que Paris accueille une conférence de l’IAS : en 1986 s’y tenait la 2e Conférence internationale sur le sida ; en 2003 la 2e Conférence scientifique de l’IAS. Bien que l’IAS 2017 ne soit pas à visée politique explicite, il sera difficile d’y oublier les importants changements survenus ces derniers mois, dont certains auront d’importantes implications en termes de recherche ou d’aide au développement : nouveau président de la République française (Emmanuel Macron), nouveau président américain (Donald Trump), dont l’arrivée au pouvoir inquiète vivement la communauté scientifique américaine.
Pour Jean-François Delfraissy, directeur jusqu’en janvier dernier de l’ANRS (France Recherche Nord & Sud sida-HIV hépatites), cette conférence est dès lors l’occasion de « porter une vision française, avec sa communauté scientifique très active et dynamique ». Exemple frappant, la place accrue des sciences fondamentales, souvent reléguées au second plan lors des précédentes conférences, derrière les aspects thérapeutiques et préventifs. Ce rééquilibrage « correspond à la science que l’on réalise en France, mais aussi en Europe. D’ailleurs, nous observons cette année une hausse des demandes de participation de la part de chercheurs en sciences fondamentales» indique Jean-François Delfraissy. Autre spécificité, la présence de nombreux chercheurs et médecins issus de pays africains francophones, ce qui constitue « un enjeu majeur en termes de diplomatie sanitaire », ajoute-t-il.
3800 abstracts reçus, 1800 retenus
Comme pour toute conférence scientifique, celle-ci a été annoncée, fin 2016, par une invitation aux équipes de recherche à envoyer des résumés des résultats qu’elles souhaiteraient présenter. Appelés « abstracts », ces textes courts s’articulent en quatre parties : introduction, méthodologie, résultats et conclusion et perspectives. Sur les 3 800 abstracts reçus par l’IAS, environ 1 800 ont été retenus, au terme d’un minutieux procédé d’évaluation.
Certains de ces résultats seront présentés lors des sessions orales ; d’autres, affichés sous forme de posters. À quoi s’ajoutent les sessions plénières, au cours desquelles les orateurs, experts d’un domaine particulier de la recherche, en dressent l’état des lieux. Une fois l’échéance passée, les chercheurs ont encore la possibilité de soumettre leurs résultats à l’IAS, les plus importants étant présentés lors de sessions late-breaker. Chaque abstract est regroupé dans un grand thème : sciences fondamentales (track A) aspects cliniques (track B), prévention (track C) et mise en oeuvre (track D).
Parmi les sujets forts de la conférence de Paris, Jean-François Delfraissy évoque les réservoirs cellulaires du VIH et la piste d’une éventuelle rémission, des résultats de nouveaux antirétroviraux à durée d’action prolongée ou encore diverses études en matière de prévention, que ce soit par les microbicides, le traitement préexposition (PrEP) ou les vaccins. Pour la première fois, les similarités en termes de recherche entre le cancer et la persistance du VIH seront discutées lors d’un forum organisé avant la conférence. Ceci afin d’encourager les collaborations pour accélérer la recherche en rémission.