Depuis avril 2020, le COREVIH Île-de-France Ouest est à l’initiative d’une série de webconférence consacrées au COVID en lien avec le VIH, les IST et la santé sexuelle. Destinés aux associatifs et aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH), ces séminaires ont pour ambition de répondre à leurs questions et d’adresser leurs inquiétudes quant à la pandémie actuelle. Hélène Lépinay, la coordinatrice du COREVIH nous en dit plus.
Transversal : Pourquoi avoir mis en place ces webconférences ?
Hélène Lépinay : Avant même le premier confinement, le CoreVIH Île-de-France Ouest s’est inquiété du manque d’informations « fiables » concernant la Covid en lien avec le VIH et nous avons rapidement produit une note d’information sur le sujet. Cependant, ce type de support présente quelques limites : il n’était pas forcément accessible aux personnes qui vivent avec le VIH (PVVIH) et, surtout, ne répondait pas aux angoisses légitimes que leur posait la pandémie. Du côté des cliniciens, la volonté était forte de ne pas perdre le lien avec les patients qui, faute aux restrictions ou à la peur de contracter la Covid, avaient déserté les services des maladies infectieuses. Le Bureau du CoreVIH Île-de-France Ouest a donc décidé d’organiser un premier temps d’information et d’échange virtuel en avril 2020 pour répondre aux questions des associations VIH du territoire et de leurs bénéficiaires.
T. : À chaque webconférence, une psychologue était présente. Pourquoi ?
H.L. : Face à la pandémie et faute d’informations fiables, beaucoup d’angoisses, de peurs se sont exprimées chez les PVVIH. C’est pourquoi la psychologue du Bureau du CoreVIH Île-de-France Ouest a souhaité s’investir. Outre les aspects purement médicaux, il s’agissait de répondre à ces craintes et aux questions ayant trait à la santé psychologique, durement éprouvée par cette pandémie et les confinements successifs.
T. : Les CoreVIH, dont on connait le rôle structurant dans la réponse à l’épidémie à VIH, ne s’adressent que rarement aux patients. Pourquoi avoir fait ce choix ?
H.L. : Assez rapidement – la crise sanitaire isolant les patients, les associatifs et les médecins – un besoin de communication directe entre toutes les personnes concernées par le VIH s’est fait jour. La crise sanitaire a, en quelque sorte, créé un besoin, une demande, et nous avons tenté d’y répondre en nous appuyant sur les associations partenaires du CoreVIH. Du côté des infectiologues, très accaparés par la Covid, l’initiative était également bienvenue : cela leur a été bénéfique de pouvoir se concentrer à nouveau sur le VIH et de retrouver les patients. Tout le monde y a trouvé un bénéfice.
T. : Quelle forme prennent ces webconférences ?
H.L. : Elles ne sont pas conçues comme des sessions d’information générale sur la Covid. Il n’y a pas de présentation ou de sujets prédéfinis. Ces webconférences prennent appui sur les questions que les associations relais, nous en avons identifiées 5 sur le territoire, nous font remonter, ces dernières consultant en amont leurs bénéficiaires. Ceci nous permet de prioriser les sujets à aborder et de canaliser les échanges. Au fur et à mesure, nous avons néanmoins constaté que certaines questions étaient récurrentes : c’est pourquoi, afin que l’exercice ne devienne pas lassant pour les intervenants et l’assistance de ces webconférences, la prochaine sera thématique.
T. Que ressort-il de ces échanges?
H.L. : Un des objectifs premiers de ces rencontres était de montrer que, malgré la crise sanitaire, les services de prise en charge VIH existaient toujours. Pourquoi ? Parce que nous pressentions le mal-être et, surtout, l’isolement ressenti par les PVVIH. C’est ce qui ressort prioritairement des webconférences. En ce sens, il a été prévu, à l’issue de notre 4ème rendez-vous, d’organiser avec la psychologue et une infirmière d’éducation thérapeutique des groupes de paroles virtuels à destination des PVVIH du territoire couvert par le CoreVIH Île-de-France Ouest.