vih Marche des fiertés : l’affirmation gaie pour lutter contre le VIH/sida

20.06.22
Romain Loury
5 min
Visuel Marche
des fiertés : l’affirmation gaie pour lutter contre le VIH/sida

Le 25 juin se tiendra à Paris la Marche des fiertés 2022, grand rendez-vous annuel de la cause LGBT. Si la cause de l’égalité des droits a progressé, les discriminations liées à l’orientation sexuelle, qui font le lit de l’épidémie de VIH/sida, demeurent tenaces. En particulier chez les personnes racisées, souvent condamnées à mener une double vie.

Aux origines de la Gay Pride, devenue en France la Marche des fiertés, les fameuses émeutes de Stonewall, survenues en 1969 à New York en réaction aux violences policières qui touchaient la communauté LGBT. Cinquante-trois ans plus tard, c’est « cette culture du militantisme » que ces manifestations annuelles visent à perpétuer, de manière aussi festive que revendicative, rappelle Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de l’Inter-LGBT, collectif qui organise la marche parisienne. Une « culture » qui est aussi celle de la lutte contre le VIH/sida.

Car si la Marche des fiertés est avant tout une revendication vivante de l’égalité des droits, elle est aussi « un moyen de continuer à faire vivre la lutte contre le sida », estime Mattieu Gatipon-Bachette. En « portant la mémoire des victimes du VIH », mais aussi en appelant à lutter contre la sérophobie. Un sujet délaissé par les pouvoirs publics : « il n’existe pas vraiment de volonté politique de s’engager sur cette question-là. Il y a la responsabilité de l’Etat, mais il y a aussi celle des LGBT. La sérophobie existe au sein de la communauté, nous sommes lucides à ce sujet ».

Un moment clé pour les jeunes LGBT

Bien que l’acceptation sociale et l’égalité des droits aient largement progressé, les discriminations demeurent monnaie courante chez les personnes LGBT. « Pour certaines personnes, la Marche des fiertés est un moment fondamental. C’est le seul dans l’année où elles peuvent s’affirmer dans l’espace public. Il est notamment très important pour beaucoup de jeunes, pour qui la Marche des fiertés constitue souvent la première fois durant laquelle ils s’affirment dans l’espace public », ajoute Matthieu Gatipon-Bachette.

Signe encourageant, les Gay Pride et autres Marches des fiertés dépassent désormais largement le périmètre de Paris et d’autres grandes métropoles : recensées sur le site gaypride.fr, des marches ont aussi lieu dans des villes de taille plus modeste. « Des gens se mobilisent en région, organisent des marches dans des villes plus petites. Le fait d’avoir une Marche des fiertés dans une petite agglomération, dans une région reculée, permet de montrer aux personnes LGBT qu’elles ne sont pas seules », estime Mathieu Gatipon-Bachette.

Briser l’isolement lié à son orientation sexuelle est aussi crucial pour un autre public qui souffre particulièrement de son invisibilité, celui des personnes LGBT racisées. Qu’elles soient récemment arrivées en France ou qu’elles soient nées dans le pays, la Marche des fiertés est pour elles « l’occasion de vivre leur orientation sexuelle sans représailles », explique Ariel Djessima-Taba, président de l’association Afrique Arc-en-Ciel. Une possibilité qui leur est rarement offerte dans leur pays, voire leur région, d’origine : « il est difficile, voire impossible, de vivre son homosexualité en Afrique subsaharienne, ou même dans les départements français d’Amérique. Parmi les jeunes des DFA, certains viennent en France métropolitaine pour vivre dans un espace plus secure ».

Une homosexualité souvent cachée

Au sein de la communauté originaire d’Afrique subsaharienne, « les violences sont encore bien présentes, y compris chez des familles ayant émigré depuis trois ou quatre générations », explique Ariel Djessima-Taba, qui évoque l’exemple récent, mais fréquent, d’un jeune de 18 ans issu d’une famille originaire de République Démocratique du Congo (RDC), mis à la porte par ses parents suite à la révélation de son homosexualité. Or, comme le montrent de nombreux travaux, le fait de devoir cacher son orientation sexuelle à ses proches constitue un frein important à la prévention, favorisant le risque de contamination.

« Le préservatif est très mal vu, il continue à être considéré comme l’objet de la débauche plutôt que comme un outil de prévention », explique le président d’Afrique Arc-en-Ciel. Pour Romain Mbiribindi, directeur de l’association Afrique Avenir, les jeunes issus de l’immigration « cachent leur homosexualité à leur famille et à leur quartier, ils doivent mener une double vie. Quand ils veulent vivre leur homosexualité, ils viennent dans le ‘75’ ». « Nous n’en sommes qu’au début de la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle », ajoute-t-il.

Des demandeurs d’asile en grande précarité

Référent du Melting Point, un centre d’accueil pour migrants ouvert les dimanche dans les locaux du Centre LGBTQI+ Paris Ile-de-France, Hervé Latapie décrit la triste réalité des demandeurs d’asile LGBT. Des jeunes venus de tous horizons, de l’Afrique subsaharienne au Pakistan, en passant par le Maghreb, le Bangladesh et Maurice. « Ces demandeurs d’asile quittent leur pays car ils sont persécutés, victimes d’un rejet par leur famille ou la société », explique-t-il. Une fois en France, ces jeunes LGBT sont en proie à « une précarité et une vulnérabilité totales ».

Si nombre d’entre eux vivent dans la rue, ceux hébergés dans les foyers doivent y « cacher leur homosexualité », par crainte des persécutions. « D’autres sont victimes d’abus sexuels, de la part de personnes les hébergeant pour une ou deux nuits après un contact sur appli », ajoute Hervé Latapie, qui dénonce un « marché sexuel » établi sur le dos de ces jeunes migrants. Pour ces jeunes LGBT, la Marche des fiertés souffle un vent nouveau : « ils sont très heureux d’y aller, c’est pour eux un moment de fête, d’affirmation de soi, ils y ressentent une grande liberté. Pour eux, la Marche des fiertés, c’est vraiment quelque chose de très important ».

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