Le directeur-adjoint d’Arcat s’exprime sur la nouvelle dynamique qu’il perçoit, portée par l’objectif de parvenir enfin à éradiquer le virus du sida.
Arcat est l’une des plus anciennes associations de lutte contre le sida, fondée en 1985. Après avoir mené des actions de communication et de soutien à la recherche, elle s’est progressivement orientée vers les PVVIH en situation de précarité. Depuis qu’Arcat et Le Kiosque ont rejoint le groupe SOS-Solidarités et surtout, mis en place une direction commune en 2010, il existe une vraie synergie qui nous permet d’avoir une vision à 360 degrés de la lutte contre le VIH, de la prévention à la prise en charge, en passant par le dépistage. Les actions de l’une nourrissent les réflexions de l’autre, et vice versa.
Le fait d’être adossé à un groupe nous a aussi offert la liberté de mener des actions innovantes, comme un programme expérimental d’éducation thérapeutique depuis 2013 avec des rendez-vous à domicile et la création, en 2009, d’un Service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) dédié aux personnes vivant avec le VIH ou une hépatite. Ou encore, le Checkpoint-Paris (2010), dispositif de dépistage du VIH pour les gays qui rouvrira ses portes début juin après un mois de travaux comme antenne du Cegidd Saint-Louis/Lariboisière/Fernand Widal, dédiée aux publics LGBT.
Programmes innovants et expérimentaux
Arcat a également toujours été très en lien avec les chercheurs. Je pense que la force d’une association de lutte contre le VIH/sida aujourd’hui, c’est de ne pas rester isolée dans son secteur d’activité. Si elle veut être efficace, elle doit constamment réinterroger ses programmes, arrêter ceux qui ne sont plus opérants, en imaginer de nouveaux plus adaptés aux besoins des bénéficiaires qui évoluent. Nos différents programmes sont ainsi pensés dans une logique de transversalité pour que notre offre, la plus globale possible, réponde aux enjeux actuels.
Des liens forts avec la recherche
J’ai le sentiment que cette dynamique de communauté des acteurs se renforce ces dernières années
J’ai le sentiment que cette dynamique de communauté des acteurs se renforce ces dernières années. De plus en plus de projets de recherche sont pensés avec les associations, qui apportent une véritable expertise vis-à-vis des publics concernés : l’étude ANRS-Cube avec Le Kiosque, Arcat, le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) 110-Les Halles et SOS-Hépatites, l’essai Ipergay avec AIDES… Annabel Desgrées du Loû, coordinatrice de l’enquête Parcours a, par exemple, témoigné d’une vraie volonté de communiquer les résultats auprès des migrants et de les confronter à la réalité du vécu des personnes, afin de renforcer son approche quantitative par une approche qualitative.
Les liens avec les services sociaux hospitaliers se sont aussi resserrés. L’arrivée de nouveaux outils de prévention comme le TasP ou la PrEP nécessite un accompagnement différent et beaucoup plus complexe. L’hôpital ne peut pas tout faire. Il ne suffit pas de démultiplier les outils, il faut pouvoir les intégrer aux modes de vie à un niveau individuel. Pour cela, nous devons créer un maillage encore plus fort autour des personnes.
Aujourd’hui, l’objectif « zéro contamination » n’est plus une utopie si on arrive à se mobiliser
Portée par l’Onusida et les différentes conférences internationales, l’idée d’éradiquer le virus du sida crée aussi une nouvelle dynamique, une nouvelle envie de travailler ensemble pour atteindre cet objectif « zéro contamination » à l’horizon 2030. Il y a encore cinq ou dix ans, c’était une perspective lointaine irréalisable. Aujourd’hui, ce n’est plus une utopie si on arrive à se mobiliser.