vih Nous avons besoin de recherche, pas d’hystérie

25.03.21
Florence Thune*
5 min

En juin 1983, lors de la marche des Fiertés à New York, c’est le slogan brandi par plusieurs activistes de la lutte contre le sida : « AIDS : we need research not hysteria ». Dès le début de l’épidémie, le sida fait peur, génère du rejet et de l’exclusion, entrainant des attitudes irrationnelles devant un virus, le VIH, qu’une équipe de l’Institut Pasteur vient d’identifier quelques semaines auparavant….

Le 1er cas de sida a été diagnostiqué en 1981 : près de 40 ans d’épidémie de VIH nous auront appris à quel point les avancées de la recherche peuvent être malmenées par ce que le slogan nommait de l’hystérie, par la peur, le déni, voire le complotisme… Depuis 40 ans, les acteurs de la lutte contre le sida n’ont de cesse de devoir se battre pour que les résultats de la recherche, qu’elle soit fondamentale ou en sciences sociales, soient tout simplement reconnus et mis en application. Pour que les charlatans, les complotistes, les extrémistes de tous bords ne remportent pas la bataille, entrainant parfois, voire souvent, la mort des personnes concernées.

L’épidémie de SARs-Cov2 nous a brutalement renvoyé aux pires moments de cette hystérie… Il n’a fallu que quelques semaines pour chercher des boucs émissaires, pour pointer du doigt, voire exclure, ceux que l’on jugeait coupables de la transmission du virus…. Souvenons-nous des agressions verbales, voire physiques, envers des personnes asiatiques soupçonnées d’être porteuses du virus, des mots anonymes des voisins demandant à une infirmière de déménager par crainte qu’elle ne les contamine en revenant de l’hôpital, de la culpabilité pesant en famille sur des personnes ayant transmis le virus à leurs parents…

Ce renvoi aux pires moments de l’épidémie de sida, a eu un impact terrible sur de nombreuses personnes vivant avec le VIH, et plus précisément sur celles ayant vécu, ou plutôt survécu à ces années noires. Certaines ont exprimé à quel point elles étaient terrifiées à l’idée d’être contaminées par cet autre virus, en plus de celui avec lequel elles vivaient depuis si longtemps, terrifiées de devoir subir à nouveau du rejet. L’impact psychologique est venu s’ajouter à l’isolement et à la précarité auxquelles certaines faisaient déjà face depuis de nombreuses années.

Et puis, comme pour le VIH, à divers égards, les résultats de la recherche, reposant pourtant sur des démarches scientifiques, rigoureuses et éprouvées dans le temps, ont été mis en doute. Ils ont été balayés d’un revers de main par quelques personnalités plus soucieuses de leur visibilité médiatique que des conséquences de leurs propos sur la science, voire sur les personnes contaminées par le SARS-Cov2 et les plus exposées à une forme grave de la Covid19.

La remise en question des résultats de la recherche, quelles qu’en soient les raisons, politiques, religieuses, dogmatiques, égocentriques… nous tuent, physiquement et socialement. Combien de personnes sont mortes, et meurent encore, parce qu’elles ont cru les charlatans qui leur conseillaient la prière, la papaye fermentée ou le régime cru plutôt que de poursuivre leurs traitements antirétroviraux ? Combien de personnes n’utilisent pas de préservatifs parce qu’elles lisent sur internet que le VIH n’existe pas ? Combien de femmes meurent encore du sida parce qu’on leur dit que l’abstinence ou la fidélité les protègeront bien mieux que le préservatif ? Combien meurent socialement, amoureusement, sexuellement, parce que la peur l’emporte sur les preuves scientifiques qui confirment pourtant l’impossibilité de transmettre le VIH lorsqu’on est sous traitement et en charge virale indétectable ?

Nous le savons, l’épidémie de SARS-Cov2 a mis à mal la lutte contre le sida en 2020, et ce n’est pas terminé. Il nous faut rattraper en France et dans le monde le retard pris sur la prévention et le dépistage, nous devrons déployer d’immenses efforts pour que les prévisions de l’ONUSIDA qui font craindre une nouvelle augmentation du nombre de nouvelles infections et de décès dans les deux années à venir ne deviennent pas une réalité. Mais il nous faut aussi, plus que jamais soutenir et défendre la recherche, et croire en ses avancées formidables.

Nous devons ainsi continuer de nous battre, et nous ne cesserons de le faire, pour que le gouvernement actuel accède enfin à la demande des associations de doter la nouvelle agence ANRS-Maladies Infectieuses Emergentes, de financements conséquents et pérennes, à la hauteur des défis qui nous attendent, tant pour mettre fin à l’épidémie de VIH que pour lutter contre ces virus émergents aux dramatiques conséquences.

Et pour continuer de soutenir cette recherche et ces chercheurs qui sauvent des vies, pour ne plus déplorer 700 000 morts par an, Sidaction n’aura de cesse également de se mobiliser pour faire appel à la générosité du grand public, que nous savons solidaire malgré la situation actuelle. Parce que la lutte contre le sida ne peut pas attendre. Parce qu’après tous ces efforts, nous ne pouvons laisser le VIH regagner du terrain. 

* Florence Thune est directrice générale de Sidaction

·Par Internet : www.sidaction.org

·Par SMS au 92110 : en envoyant le mot « DON » pour faire un petit don de 5€ (coût d’envoi du SMS gratuit ou inclus dans les forfaits SMS)

·Par courrier : Sidaction – 228, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 PARIS

Pour faire un don à Sidaction

Agissez
Pour lutter contre le VIH/sida
Je donne
45€

Pour informer
24 personnes
sur le dépistage.

Faire un don
hearts

Pour contribuer à lutter contre le VIH

Nos actus

Toutes les actus
Restez informés En vous inscrivant à la newsletter
Vous acceptez que cette adresse de messagerie soit utilisée par Sidaction uniquement pour vous envoyer nos lettres d’information et nos appels à la générosité. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Partagez,
likez,
tweetez
Et plus si affinités