vih Passerelles, pour et par les jeunes vivant avec le VIH

14.02.25
Hélène Ferrarini
7 min
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Alors que le VIH pédiatrique et les difficultés auxquelles font face les jeunes vivant avec le virus restent les points faibles de la lutte contre l’épidémie à l’international, Sidaction poursuit son engagement de longue date sur ces sujets. Ils sont au cœur du projet Passerelles, déployé dans quatre pays d’Afrique.

« Nous voulons être au centre de toute chose faite pour les jeunes. » Chrisvie, 25 ans, jeune ambassadeur lié au projet Passerelles rappelle le mot d’ordre des jeunes vivant avec le VIH : être associés à la lutte contre la maladie.

C’est l’objet du projet Passerelles, qui déploie des activités à destination des enfants et jeunes de 0 à 24 ans au Burkina Faso, au Togo, en Côte d’Ivoire et au Burundi. Son but principal tient dans un renforcement des compétences et des capacités : celles des équipes soignantes – associatives et publiques – et celles des jeunes, qu’ils et elles soient pairs éducateurs ou jeunes ambassadeurs axés sur le plaidoyer.

Après Grandir, Passerelles

Passerelles, qui court de 2024 à 2028, fait suite à plusieurs programmes de lutte contre le VIH pédiatrique et d’accompagnement de la jeunesse en Afrique de l’Ouest et du Centre menés par Sidaction. Lancé en 2007, le programme Grandir a œuvré pendant dix ans pour le VIH pédiatrique dans onze pays d’Afrique francophone. Puis les projets ADO (« Formation et Empowerment pour un accompagnement renforcé des adolescen·tes et jeunes filles infecté·es ou affecté·es par le VIH ») ont en quelque sorte pris le relai entre 2017 et 2023.

Le projet Passerelles, financé par Expertise France via l’Initiative, constitue « la troisième phase » de cet engagement au long cours, décrit Soumeya Rahli, responsable de la thématique enfants et adolescent·es à Sidaction. Dans un contexte où « le VIH pédiatrique est le parent pauvre de la lutte contre le VIH en Afrique de l’Ouest », souligne-t-elle.

Selon l’ONUSIDA, dans le monde entier en 2023,  seulement 57 % des enfants de 0 à 14 ans vivant avec le VIH ont eu accès à un traitement, contre 77 % des personnes âgées de plus de 15 ans. Concernant l’objectif des trois 95, le soin aux enfants accuse un retard sur tous les plans. Parmi les 0 -14 ans, 66 % connaissent leur statut sérologique ; parmi eux 86 % ont accès à des traitements ; puis 84 % ont une charge virale indétectable, contre 86 %, 89 % et 93 % chez les plus de 15 ans, d’après les dernières données de l’ONUSIDA. « Bien que les progrès en matière de réduction des nouvelles infections à VIH soient les plus importants chez les enfants, les progrès sont au point mort ces dernières années », alerte l’organisation onusienne de lutte contre le VIH.

« Au niveau du Burundi, la prise en charge pédiatrique et adolescente reste problématique, c’est un défi. Nous restons en arrière par rapport aux adultes », confirme Hawa Uwimana, médecin des enfants pour la SWAA Burundi (Society for Women Against AIDS), association partenaire du projet Passerelles. Dans ce pays d’Afrique centrale, « la couverture du traitement antirétroviral chez l’enfant est de 35 % alors qu’elle est de 91,8 % chez l’adulte », d’après un rapport national de 2020.

L’e-learning en renfort

Dans ce contexte, le projet Passerelles a pour objectif de « renforcer les capacités des équipes soignantes », décrit Soumeya Rahli. Cela passe, en plus des formations en présentiel, par le développement d’une plateforme de e-learning pour répondre aux demandes régulières de reformation. Elle sera officiellement lancée lors de la conférence ICASA de décembre 2025.

S’ajoute à ces retards dans la lutte contre le VIH pédiatrique, l’accompagnement pendant la période sensible de l’adolescence, moment d’entrée dans la vie sexuelle et affective. « Notre besoin le plus urgent est la consolidation de la pair éducation  », annonce Dr Uwimana. Cette consolidation doit se faire « au niveau associatif et au niveau des sites publics ». Elle souligne la nécessité de « former de médiateurs pour que les jeunes restent dans le soin ». « Dans les entretiens collectifs, où les adolescents sont avec des pairs, ils sont à l’aise, ils peuvent partager leur expérience, et peuvent avoir un vécu positif de leur maladie », décrit la médecin des enfants de la SWAA Burundi.

Comment vivre sa sexualité et sa vie affective ? Annoncer son statut sérologique à son partenaire ? Se projeter dans la parentalité ? S’autonomiser économiquement ? Autant de questions qu’affrontent avec une grande acuité les jeunes vivant avec le VIH.

« Les jeunes, les adolescents souffrent énormément. C’est déjà une période de vie difficile, le VIH se rajoute à cela », confirme Chrisvie, 25 ans, de République du Congo. Il fait partie des jeunes ambassadeurs du projet Passerelles : treize en tout originaires de différents pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (au-delà des quatre pays retenus dans Passerelles) et qui s’orientent « vers un plaidoyer international, régional et national pour une accélération de la lutte contre le VIH pédiatrique  », décrit Soumeya Rahli.

« C’est une voix pour les sans voix  », décrit Chrisvie. « Je souhaite approfondir mon leadership, être plus impactant, parce que nos voix comptent, nos vies comptent », explique-t-il. « Nous ne devons pas limiter notre vie, nous ne devons pas nous mettre de barrières ».

Un temps fort de l’année 2025 sera l’université des jeunes plaideurs à laquelle participeront les jeunes ambassadeurs de Passerelles.

2025 est aussi une année de reconstitution du Fonds mondial, où les Etats doivent annoncer des engagements quant aux fonds alloués à la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, alors que les aides publiques au développement connaissent des baisses drastiques et que l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump crée une situation très chaotique. « Ce contexte va avoir un impact sur le plaidoyer. Cela va orienter les messages portés par les jeunes ambassadeurs », prévoit Soumeya Rahli.

Défendre un accompagnement global

« Aujourd’hui, je veux me fixer sur les décideurs  », commente Chrisvie. « On oublie certaines parties dans le financement : le côté social, le côté psychologique. Ce sont des volets que les décideurs doivent voir. Si le mental est faible, on n’ira pas loin. » Pour lui qui vit avec le virus depuis sa naissance, et est accompagné par une association depuis l’âge de six ans, c’est tout autant l’accès à une psychologue qu’aux traitements qui l’ont maintenu en vie, témoigne-t-il. « L’accompagnement psychologique est fondamental. Sans ça, on échouera toujours. On verra le nombre de décès augmenter », prévient le jeune ambassadeur.

« En tant qu’enfant dans la file active, on a droit à des bons de gratuité pour s’approvisionner en pharmacie. Quand on sort de la file active, en grandissant, on nous fait comprendre qu’il n’y a pas d’argent, qu’on est assez grand. On nous dit qu’on peut aller les acheter nous-mêmes mais personne n’est là pour nous financer ! Seuls, les jeunes ont du mal à tenir, seuls ils sont dans l’inobservance. Il est important de conserver les jeunes dans les associations », analyse Chrisvie. Pour lui, l’accent doit être mis sur la mise en place d’activités génératrices de revenus, car grandir c’est aussi s’autonomiser économiquement. « Nous venons de familles démunies, beaucoup d’enfants sont non-scolarisés », rappelle-t-il. « Le monde des adultes est trop stigmatisant », pointe-t-il, décrivant des pratiques discriminatoires de la part des soignants à l’égard des personnes vivant avec le VIH.

Le volet du projet Passerelles concernant les jeunes ambassadeurs est en lien étroit avec le réseau Grandir Ensemble, né à la fin du programme Grandir en 2017. « Passerelles vise à renforcer et autonomiser le réseau Grandir Ensemble, qui pourrait à terme interagir directement avec Expertise France et d’autres bailleurs, sans Sidaction comme porteur principal », ambitionne Soumeya Rahli.

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