vih Patients en rémission : à la recherche du profil type

08.03.18
Vincent Richeux
3 min

Le décryptage des mécanismes conduisant à une rémission de l’infection par le VIH après l’arrêt des traitements a pour objectif d’identifier les facteurs, éventuellement génétiques, permettant au système immunitaire de contrôler la réplication virale.

Pourquoi certaines personnes vivant avec le VIH présentent-elles un contrôle du virus plu­sieurs années après l’arrêt des traitements? Ces rares cas de rémission à long terme suscitent beaucoup d’intérêt et font l’objet de plusieurs recherches à travers le monde afin d’en comprendre les mécanismes, et ce, dans l’espoir de les reproduire chez d’autres patients. Présenté l’été dernier à Paris, lors de la 9ème IAS, le cas d’une fillette sud-africaine a de nouveau attiré l’attention. Née d’une mère séropositive et infectée à la naissance par le VIH, elle a été placée sous traitement à l’âge de 2 mois, avant que celui-ci ne soit interrompu dix mois plus tard. À 9 ans, elle présentait encore une charge virale indétectable. Il s’agit du troisième cas connu de rémission sans traitement observé chez un enfant.

Une combinaison complexe à l’étude

En France, la cohorte Visconti réunit 23 adultes en rémission depuis douze ans en moyenne, après avoir pris un traitement pendant près de quatre ans. « Tous ces pa­tients ont un point commun · ils ont bénéficié très tôt d’un traitement antirétroviral, initié dès la phase de la primo-infection», c’est-à-dire en moyenne dans les dix semaines qui ont sui­vi la contamination, précise la P’ Christine Rouzioux, du CHU Necker (Paris) et adminis­tratrice de Sidaction, qui coordonne l’étude. Les travaux menés auprès de ces patients ont montré qu’un traitement précoce permet de préserver l’activité des cellules NK (Natu­ral Killer, pour « cellules tueuses naturelles» en français), des cellules du système immu­nitaire particulièrement impliquées dans le contrôle de l’infection. La constitution de réservoirs viraux se retrouve ainsi limitée. « La mise sous traitement précoce est nécessaire pour bloquer l’expansion des réservoirs dans l’orga­nisme, mais elle n’est sans doute pas suffisante, il faut aussi un terrain favorable, indique Christine Rouzioux. Il s’agit certainement d’une combinai­son complexe de plusieurs facteurs. »

« Différents mécanismes semblent associés, confirme le D’ Asier Saez-Cirion, de l’Insti­tut Pasteur (Paris), également investi dans l’étude Visconti. Pour obtenir une rémission, il faut un équilibre entre un réservoir viral suffisam­ment restreint pour que la multiplication du virus soit limitée et une réponse immunitaire efficace. Nos derniers résultats suggèrent l’influence de certains facteurs génétiques. Il reste à déterminer les marqueurs prédictifs pour sélectionner les candidats susceptibles d’atteindre une rémission virologique durable après arrêt des traitements. » Le chercheur espère tester  la  stratégie sur une population cible d’ici deux ans. En at­tendant, il est fortement déconseillé d’expé­rimenter soi-même l’interruption thérapeu­tique. « Cela pourrait au contraire renforcer les réservoirs viraux, alerte la Pr Rouzioux. Surtout si le traitement a été initié longtemps après la primo-infection. »

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