vih « Penser que vivre n’est pas politique est probablement la plus grande utopie de ce siècle »

31.08.21
Anthony Cotte
4 min
Visuel « Penser que vivre n’est pas politique est probablement la plus grande utopie de ce
siècle »

Il y a quelques années, Virginie de Clausade abordait l’impact du VIH à travers la biographie des dernières années de Thierry Le Luron. Lors de l’écriture, elle découvre l’activiste et dramaturge Larry Kramer et son texte The Normal Heart avec, déjà, l’envie de l’adapter. Son souhait de metteuse en scène sera exaucé quelques années plus tard, alors qu’Eric Maillard, ayant fait l’acquisition des droits de ce texte, recherche une équipe pour enfin voir la pièce sur une scène française après des années à succès sur les planches de Broadway. Rendez-vous est pris à partir du 8 septembre au Théâtre du Rond-Point à Paris. A cette occasion, Transversal a rencontré Virginie de Clausade et le comédien Dimitri Storoge.

Comment aborde-t-on l’histoire d’une épidémie quand on en traverse une autre ?

Virginie de Clausade : Travailler ce texte aujourd’hui est incroyable. Le personnage principal dit à un moment : « L’histoire ne vaut rien. On n’apprend rien ». Et c’est fou que les débats soulevés par la pièce puissent être, à la virgule près, les mêmes qu’aujourd’hui. Certes ce ne sont pas les mêmes virus, mais le parallèle est très intéressant à observer.

Dimitri Storoge : A une différence près, c’est que la prise de conscience mondiale autour de la covid a été rapide parce que cette épidémie touchait tout le monde. Aujourd’hui, on a mis en place des essais vaccinaux pour trouver un vaccin à ARN contre le VIH… près de 40 ans après la découverte du virus ! Rappelons qu’à l’origine, c’était une épidémie qui ne concernait que des gens à la marge. Et on traite justement dans The Normal Heart de cette époque où on pensait que les hétérosexuels étaient préservés. La prise de conscience n’a vraiment pas été la même et on dénombre 40 millions de morts.

The Normal Heart est intimement lié à l’histoire de son auteur, Larry Kramer. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez lui ?

V.d.C : Cet homme a hurlé seul dans le désert un long moment avant de réinventer le militantisme avec Act Up. Aujourd’hui il n’y a plus un seul militant dans le Monde qui ne pense pas presse, photo ou réseaux sociaux. Ça, on le doit à Larry Kramer. 

Proposer une telle œuvre est-il, en soi, un acte militant ?

V.d.C : Vivre est un acte militant. Créer est un acte militant. La Terre crame, tout le monde crame. Il faut s’engager ! La pièce souligne ça : la nécessité fondamentale de s’engager et de ne pas déléguer sa survie à qui que ce soit. Quand on est en danger, on se lève et on se barre. Ce n’est pas forcément de l’envie, c’est comme ça : on ne peut pas déléguer sa survie. Penser que vivre n’est pas politique, et Kaboul en est le dernier exemple en date, est probablement la plus grande utopie de ce siècle. Les pouvoirs publics sont confortables et ils sont ravis de rester dans une forme d’inertie. Ce n’est jamais eux qui bougent spontanément, c’est la société civile qui fait bouger les choses. The Normal Heart raconte le réveil de la société civile

Quelle a été la plus grande difficulté pour mettre au point un tel projet ?

V.d.C : Ça a été plus long que difficile. Il fallait faire des rencontres et surtout fédérer l’équipe qui allait pouvoir porter ce projet jusqu’au bout. On a eu de grandes inquiétudes comme tout le monde avec la covid. Nous étions dans un questionnement l’année dernière de savoir combien de temps la situation sanitaire allait-elle durer. Malgré cette période, ça n’a pas stagné. Cela a pris du temps, mais on a toujours avancé.

D.S : Je dirais que la plus grande difficulté est d’être à la hauteur des enjeux et de ce qu’a été Larry Kramer dans son combat, intellectuellement comme émotionnellement. Il faut trouver la fine ligne entre l’évocation, l’hommage sans être totalement écrasé par le personnage réel. Ce sont des enjeux hauts et très forts. 

New York, début quatre-vingt, Ned Weeks part en guerre contre l’inaction et l’indifférence. Ses amis agonisent et meurent autour de lui. L’épidémie, dite « cancer gay », décime sa communauté. Il s’indigne, agit, met sa colère et son sale caractère au service d’un activisme sans concession. Il provoque des scandales médiatiques, il interpelle le président Reagan et le maire. Avec le docteur Emma Brookner, il lutte pour mobiliser la population et sauver des vies. La pièce déroule ce combat…

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