Avec plus de 450 000 utilisateurs dans le monde, la PrEP s’impose – progressivement – comme un des moyens les plus efficaces pour prévenir l’infection à VIH, notamment auprès des hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Mais pas seulement : présentés lors de la conférence AIDS 2020, les résultats préliminaires de l’étude SEARCH viennent confirmer l’efficacité très large de l’outil. Un outil qui est, par ailleurs, amené à rapidement évoluer.
C’est une des annonces importantes de cette conférence AIDS 2020 : la PrEP, prise tous les jours, permet d’éviter les trois quarts des infections à VIH. Ces résultats préliminaires, plus élevées que prévus, sont issus de l’étude SEARCH menée depuis 2013 auprès de 32 communautés rurales au Kenya et en Ouganda.
Une baisse de 74 % des infections
Initialement conçue comme une intervention pour dépister et traiter les populations, cette étude a commencé à proposer, à partir de juin 2016, un traitement prophylactique pré-exposition à 15 263 personnes fortement exposées au VIH. Celles-ci comprenaient des personnes en couple sérodifférents, des personnes travaillant dans l’industrie de la pêche, dans les bars, dans les transports et des individus se considérant eux-mêmes comme étant à risque de VIH.
Présentés par le docteur Catherine Koss (University of California, San Fransisco) lors de la session « PrEP at Scale », les résultats de l’étude ont montré que, parmi les 5447 personnes ayant initié une PrEP, l’incidence à VIH s’élevait à 0,35 %. Pour évaluer ce taux sans groupe placebo, un groupe contrôle a été constitué en incluant des participants n’ayant pas eu, au début de l’étude, accès à la prophylaxie pré-exposition. Dans ce groupe, l’incidence annuelle du VIH était de 0,92 % : le taux d’infection au VIH a donc diminué de 74 % avec l’accès à la PrEP.
Cette réduction s’explique surtout par la chute de l’incidence chez les femmes, où le taux a diminué de 76 %. Il s’agit de la plus importante réduction reportée dans un programme de PrEP en Afrique subsaharienne.
La cabotegravir, futur de la PrEP ?
Ces résultats encourageants viennent en complément d’une autre annonce importante faite lors du 23ème congrès international sur le Sida. Présentées le docteur Raphael J. Landovitz (UCLA Center for Clinical AIDS Research & Education) lors de la session « Co-Chairs’ Choice », les dernières données de l’essai HPTN 083 sont particulièrement prometteuses : en injection tous les deux mois, le cabotegravir, une molécule à longue durée d’action, est plus efficace que la prise orale quotidienne pour prévenir de l’infection à VIH.
Premier essai comparant la prise de Truvada en PrEP et l’injection de cabotegravir, l’essai de phase II/III HPTN 083 a recruté 4,570 hommes et femmes trans ayant des rapports sexuels avec des hommes dans 43 sites situés en Argentine, au Brésil, au Pérou, aux Etats-Unis, en Thailand, en Afrique du Sud, en Thaïlande et au Vietnam.
La moitié de la cohorte a reçu des injections de cabotegravir tous les deux mois combinées avec des comprimés placebo. L’autre moitié a reçu des injections placebo combinées avec des comprimés de Truvada®. Arrêté en mai 2020, l’essai conclut à une diminution de 66 % du risque d’infection à VIH dans le bras recevant du cabotegravir en injection par rapport à celui recevant du Truvada® en prise orale quotidienne.
Une des raisons de ce succès tient, comme le précise le Dr Raphael J. Landovitz dans sa présentation, au fait que l’observance, un paramètre clé quant au succès de la PrEP orale, est facilitée par le mode d’administration du cabotegravir : alors qu’il est parfois difficile de ne pas rater des prises de Truvada®, une injection tous les deux mois est une alternative pratique pour toutes les personnes qui souhaiteraient bénéficier de la PrEP. A noter, ces résultats prometteurs sont à confirmer chez les femmes, pour lesquelles un essai (HPTN 084) est en cours.