vih Préserver les fonctions immunes avec une mise en place précoce du traitement

27.06.19
Nora Yahia
5 min

Les traitements ARV, en agissant directement sur le cycle de réplication du virus, permettent de contrer sa propagation dans l’organisme. Mais ces traitements impactent-ils la réponse immune mise en place contre le virus ? Les scientifiques se sont intéressés à cette question, en portant un focus particulier sur les lymphocytes T CD4, cibles principales du virus. Une initiation précoce du traitement (avant le pic de virémie) permet de limiter l’exposition aux antigènes viraux et de maintenir un taux élevé de lymphocytes T CD4[i]. D’autres études ont également rapporté une augmentation de la réponse cellulaire CD4 dirigée contre le virus avec un traitement précoce[ii]. Mais peu d’éléments sont connus concernant l’impact du traitement sur l’ensemble de la réponse cellulaire T. Dans cette étude, les investigateurs ont cherché à déterminer l’impact du traitement précoce sur l’induction, l’évolution et la fonctionnalité des réponses cellulaires T CD4 et CD8.

L’étude a été menée auprès de jeunes femmes sud-africaines présentant de haut risque d’infection incluses dans la cohorte FRESH[iii]. Séronégatives à leur inclusion dans la cohorte, ces femmes sont testées deux fois par semaine, ce qui permet de détecter une possible infection le plus tôt possible. Ainsi, 46 femmes diagnostiquées positives précocement ont intégré cette étude : 26 ont commencé le traitement dans les 48 heures suivant le diagnostic, 8 ont débuté leur traitement plus tardivement et 12 quand leur taux de CD4 était sous la barre des 350 cellules/mm3 (selon le standard de soin du pays à l’époque de l’étude). Les résultats[iv] révèlent l’impact positif d’une mise sous traitement dans les premiers temps de l’infection sur les lymphocytes T. Les femmes sous traitement précoce présentent une réponse cellulaire CD8 de plus faible intensité que les femmes non traitées précocement. Au premier abord il serait tentant de croire qu’une réponse plus faible est mauvais signe, mais ce n’est pas le cas ici. Il faut savoir que lorsque le virus VIH infecte l’organisme, une importante réponse cellulaire des lymphocytes T CD8 est mise en place. Dans un premier temps cette réponse va permettre de contrer l’infection. Cependant cette réponse cellulaire précoce va rapidement s’épuiser ; laissant le champ libre au virus pour se propager et persister dans l’organisme. Ici l’analyse de l’expression des gènes montre que les lymphocytes T CD8 des femmes traitées précocement présentent une augmentation de l’expression des marqueurs de survie et une diminution des gènes associés à l’apoptose[v]. Cette modulation de l’expression des gènes permet d’induire une réponse fonctionnelle qui va persister dans le temps. Concernant les lymphocytes T CD4 les analyses montrent que le traitement précoce permet d’avoir une réponse immune plus robuste de ces cellules. Pour finir, les analyses suggèrent que le degré d’exposition aux antigènes viraux avant la mise sous traitement impacterait la réponse cellulaire des lymphocytes T CD8. Il semblerait qu’en limitant la virémie dès les prémices de l’infection, les traitements permettent de préserver de bonnes fonctionnalités des lymphocytes T.

Cette étude apporte de nouvelles informations qui pourraient faire avancer la recherche sur les stratégies vaccinales et de thérapeutiques. En effet, les réponses cellulaires induites chez les femmes traitées précocement présentent les caractéristiques d’une réponse immune « efficace » ; capable de combattre l’infection. Selon les propos du Dr Bruce Walker, un des investigateurs de l’étude, « Comprendre ce qui constitue une « bonne » réponse immunitaire au VIH nous fournit des informations importantes pour la conception d’un vaccin et pourrait guider l’élaboration d’interventions permettant d’obtenir ce type de réponse dans le traitement des infections chroniques. L’exploitation de ces données ouvre également la possibilité de développer des stratégies thérapeutiques, qui en manipulant des molécules clé permettraient de restaurer la fonctionnalité des lymphocytes T CD8 chez les patients. Avant d’en arriver là, les chercheurs souhaitent d’abord savoir si ces réponses sont capables de contrôler le virus en absence de traitement.

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