Emmanuel Macron s’est engagé à augmenter l’aide publique au développement. Selon quelle trajectoire? Avec quels financements? Et quelles en seront les priorités? La réunion du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement a permis d’en savoir un peu plus surla promesse présidentielle.
« La France consacrera 0,55 % du RNB[1] à l’aide publique au développement (APD) d’ici 2022, pre mière étape vers l’objectif de 0,7 % » : les conclu sions de la réunion du Comité interministériel de la coopération internationale et du dévelop pement (Cicid)[2] du 8 février dernier réaffirment que l’APD est « parmi les priorités du quinquen nat » et précisent la trajectoire de l’augmenta tion promise par Emmanuel Macron : 0,44 % en 2018, 0,44 % en 2019, 0,47 % en 2020, 0,51 % en 2021 et 0,55 % en 2022. En 2019, 1 milliard d’euros doit être déboursé en autorisations d’engagement, ce qui permettra à l’Agence française de développement (AFD) de lancer ou continuer des projets bilatéraux. Autres précisions : l’aide bilatérale et la part des dons seront renforcées.
Comment trouver les quelque 6 milliards d’euros nécessaires pour atteindre 15 milliards en 2022? «Ce sera des arbitrages budgétaires», explique le député de La République en marche Hubert Julien-Laferrière,rapporteur du budget de l’APD au sein de la commission des Affaires étrangères, qui souhaite par ailleurs que les recettes de la taxe sur les transactions finan cières « soient affectées à 700 % au développe ment, au lieu de la moitié aujourd’hui ». Cette taxe augmentera-t-elle? Le Cicid se contente de dire que « la France encouragera l’élargissement de la taxe [..} aux autres pays de l’Union européenne en vue d’en affecterles recettes à l’APD européenne».
Quels financements pour la santé?
Parmi les cinq priorités annoncées , le renforcement des systèmes de santé et l’accès aux soins pour tous. « La France continuera à contribuer de manière significative au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme 3, et renforcera sa contribution à l’Or ganisation mondiale de la santé. Elle contribuera à Unitaid à hauteur de 85 millions d’euros par an en moyenne sur la période 2077-2079 », est-il mentionné dans les conclusions. Néan moins, ces engagements sont jugés par les ONG de lutte contre les trois pandémies en dessous des précédents engagements de la France et surtout des besoins néces saires. « On assiste à un véritable recul de l’en gagement de la France contre ces pandémies. Non seulement la formulation utilisée par le gou vernement ne garantit en rien que la France va, a minima, maintenir sa contribution au Fonds mondial, mais de plus le gouvernement baisse sa contribution annuelle à Unitaid très en dessous de sa contribution initiale de 7 70 millions d’eu ros. Il s’agit d’un recul inquiétant, au moment où nous devons redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs « 3 x 90″d’Onus ida», s’inquiète Hélène Roger, directrice des programmes interna tionaux à Sidaction.
Enfin, si les ONG réunies au sein de Coor dination Sud4 accueillent avec satisfaction les annonces faites du doublement de l’aide transitant par les organisations de la société civile d’ici à 2022, elles regrettent que le «décaissement effectif des crédits budgétaires» soit reporté à 2020 et que « la reconnaissance de la place et du rôle de la société civile française aujourd’hui et demain demeure très marginale dans le document ».
[1] Revenu national brut
[2] Relevé de conclusions du Cicid: diplomatie.gouv.fr/fr/ politique-etrangere-de-la-france/aide-au-developpement/ evenements-et-actualites-sur-le-theme-du-developpement/ article/comite-interministreiel-de-la-coopetriaon-internationale et-du-developpement
[3] La France s’est engagée à verser 1,08 milliardd’euros pour la période2017-2019. La prochaine conférence de reconstitution se tiendra en 2019.