La 9ème Conférence scientifique sur le VIH de l’International AIDS Society est l’occasion pour Sidaction de rassembler, lors d’un satellite, des spécialistes des muqueuses et des cellules myéloïdes (macrophages, cellules dendritiques…) afin de discuter des mécanismes de l’infection du VIH.
La compréhension de l’immunité des muqueuses, vaginale et rectale, principaux sites d’entrée du VIH dans l’organisme, est un enjeu majeur afin de savoir ce qui influence l’acquisition et la persistance du virus. Par ailleurs, les rôles multiples des cellules myéloïdes suscitent un intérêt croissant, car elles sont à la fois la première cible de l’infection, véhicule de la diffusion virale et le chef d’orchestre des principales réponses immunitaires innées et adaptatives.
L’étude de la transmission colorectale du VIH par l’équipe de Nathalie Dejucq-Rainsford, de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Rennes), montre que les cellules cibles du virus (lymphocytes T et macrophages) présentes dans le sperme d’hommes infectés par le VIH pourraient rapidement traverser la barrière épithéliale pour transmettre l’infection. L’infection des nouvelles cellules dans les tissus muqueux est la cible d’un processus de destruction induit par un vaccin préventif développé dans le laboratoire de Morgane Bomsel, de l’Institut Cochin (Paris). Ce vaccin engendre une réaction coordonnée d’anticorps, dont les ADCC (antibody-dependent cell-mediated cytotoxicity).
On trouve des macrophages possédant des particules virales dans de très nombreux tissus de patients infectés. Philippe Benaroch, de l’Institut Curie (Paris), et son équipe étudient le mode de détection du VIH par les macrophages et le type de réponse immunitaire engendrée, car ces cellules sont considérées comme un réservoir du virus, mais leur rôle dans l’infection et dans son contrôle demeure mal connu.
L’équipe de Sophie Hue, du Vaccine Research Institute (Créteil), étudie la réponse immunitaire au niveau de la muqueuse intestinale. Elle a montré que l’initiation précoce de traitements préserve une réponse d’anticorps spécifiques contre le VIH grâce au maintien de cellules B mémoires et de cellules T folliculaires (TFH) de l’intestin.
Par ailleurs, l’équipe d’Andréa Cimarelli, de l’International Center for Infectiology Research (Lyon), décortique les mécanismes moléculaires liés à la famille de protéines transmembranaires induites par interféron, les IFITM. Ces protéines de la défense innée inhibent une large gamme de virus lors de l’entrée dans les cellules cibles. Dans le cas du VIH, l’équipe a montré que les IFITM peuvent aussi interférer avec la production de nouvelles particules virales.
Enfin, la génétique influence également la réponse immunitaire du VIH. Jean-Charles Guéry, du Centre de physiopathologie de Toulouse, et son équipe étudient l’effet d’un changement de codon de la protéine TLR7, qui altère la fonction de ce récepteur toll, en particulier la production d’interféron de type I par les cellules dendritiques plasmacytoïdes. L’impact fonctionnel de ce polymorphisme s’observe chez les femmes porteuses de l’allèle mineur, mais jamais chez les hommes, et semblerait être associé à une plus grande susceptibilité à l’infection par le VIH chez les femmes.
Une fois encore la recherche sur le VIH demande un regard multidisciplinaire à la fois précis et global. Ceci est essentiel pour trouver des stratégies vaccinales et des immunothérapies adaptées et efficaces.