Selon les dernières données épidémiologiques sur le VIH en France, l’épidémie a reculé. Comment l’expliquez-vous ?
François Bourdillon – Cela s’explique notamment par les diverses actions de prévention à l’épidémie de VIH et de sensibilisation au diagnostic menées depuis plusieurs années par le ministère de la Santé, Santé publique France et les associations. Ceci dit, attention, ce n’est pas encore gagné, car environ 25 000 personnes ignorent encore leur séropositivité. Or ces personnes peuvent, si elles ont des rapports sexuels non protégés, contaminer leurs partenaires sexuels sans le savoir et contribuer ainsi à l’épidémie dite cachée de VIH. Il faut donc intensifier le dépistage. D’où notre nouvelle campagne de sensibilisation axée sur le dépistage.
Quels sont précisément les objectifs de cette opération ?
F. B. – Il s’agit de faire connaître les quatre modes de dépistage disponibles, ainsi que leurs points forts : le test en laboratoire pour ceux souhaitant être accompagnés par leur médecin ; le dépistage gratuit et anonyme proposé par les centres gratuits de dépistage, les CeGIDD ; les tests rapides dits Trod effectués par les associations pour avoir un résultat en moins de 30 minutes et l’autotest vendu en pharmacie, réalisable par soi-même et donc, sans rendez-vous, en toute intimité.
Concrètement, en quoi consistera cette nouvelle campagne de sensibilisation ?
F. B. – Elle s’appuiera sur des affiches présentées sur les Abribus ou dans les centres commerciaux et sur des bannières apposées sur divers sites Internet, incitant à cliquer sur un lien qui renvoie à sida-info-service.fr. Ces supports montreront cinq visuels qui mettent en avant les points forts des quatre modes de dépistage. En arrière-plan de chaque visuel figurera l’image d’un représentant potentiel des différents groupes concernés par le VIH : un homme hétérosexuel ; une jeune femme hétérosexuelle ; un jeune homme pouvant être identifié comme un HSH ; une migrante africaine d’une trentaine d’années ou un homme migrant d’Afrique subsaharienne.
Concernant justement les migrants, faut-il s’attendre à une augmentation du nombre des nouvelles contaminations liée à l’afflux de migrants venant de régions en conflit ?
F. B. – Non, car le groupe de migrants identifiés comme à fort risque d’infection est celui des migrants d’Afrique subsaharienne, et non ceux de Syrie ou d’autres régions de conflits. Concernant les contaminations qui touchent des migrants d’Afrique subsaharienne, elles sont de nature hétérosexuelle. Or nos dernières données épidémiologiques indiquent qu’entre 2013 et 2016, le nombre de découvertes de séropositivité diminue chez les hétérosexuels, quelle que soit leur origine.