vih Recherche sur une cure du VIH dans le monde : vue d’ensemble

24.07.18
Alain Volny Anne
4 min
Visuel Recherche sur une cure du VIH dans le monde : vue d’ensemble

Après l’évocation émouvante de l’importance du rêve dans nos vies – le chemin doré du Magicien d’Oz – par l’activiste américain Michael Louella, la professeure Jintanat Ananworanich du US Military HIV Research Program a présenté un état des lieux de la recherche sur une cure – rémission – du VIH à travers le monde. Selon elle, ce vaste programme peut être compris comme un triptyque : la recherche fondamentale, les essais d’intervention et les sciences humaines.

La recherche fondamentale – ou « science du banc » – a pour objectif l’approfondissement des connaissances sur la persistance du VIH dans l’organisme et le contrôle du VIH par le système immunitaire. Elle tente de définir des approches curatives du VIH, en fonction des populations, de l’âge et du genre des personnes, des divers sous-types du VIH, des facteurs génétiques, des différents tissus de l’organisme, des maladies opportunistes et tropicales, de l’état nutritionnel et des traitements antirétroviraux.

Englobant des études sur l’animal et sur l’homme, les interventions sont évaluées, soit seules, soit en association avec d’autres : traitements très précoces du VIH ; agents de réversion de la latence du VIH ; immunothérapies ; thérapies géniques et cellulaires. Peu nombreux sont les participants à ces études, qui peuvent être randomisées, comporter des bras de comparaison et, parfois, permettre l’interruption très encadrée et observée du traitement antirétroviral (on parle alors d’interruption analytique du traitement).

Ces interventions sont envisagées dans deux stratégies contre le virus, largement débattues par la suite dans l’atelier :

  • « choquer et tuer » : il s’agit, chez des personnes dont le virus est contrôlé par le traitement antirétroviral, de « réveiller » des cellules latentes infectées par le VIH, pour détruire aussitôt les virus produits d’une part et détruire les cellules latentes d’autre part, avec des anticorps, des vaccins, des cellules produites par ingénierie.
  • « bloquer et verrouiller » le VIH : plutôt que de réveiller ces cellules latentes, il s’agit de les maintenir en sommeil le plus longtemps possible, sinon définitivement (contrairement à la première stratégie décrite ci-dessus, celle-ci ne fait pas encore l’objet de recherches sur l’homme).

Enfin, les sciences humaines portent sur les questions d’éthique et de comportement des personnes éventuellement amenées à participer à des recherches sur une cure. Comment interpréter leurs décisions concernant ces études ? Quelles sont leurs perceptions des risques et des avantages liés à cette participation, ou encore leurs attitudes vis-à-vis de ces recherches ? Quel pourrait être l’impact de leur participation au plan individuel et au plan sociétal ?

Pourquoi, par exemple, des personnes participeraient-elles à une recherche sur la cure du VIH, ou, au contraire, rejetteraient-elles cette possibilité ? Plusieurs enquêtes auprès des communautés avaient déjà fourni quelques réponses à ces questions[1]. Jintanat Ananworanich est revenue sur l’une d’elle, conduite en Thaïlande, parmi une cohorte de personnes recrutées en phase aiguë de leur infection par le VIH, et par conséquent accoutumées aux recherches[2].

Alors que les personnes qui acceptaient de participer à une recherche sur la cure voyaient un avantage majeur dans l’interruption de leur traitement, celles qui rejetaient cette participation s’inquiétaient particulièrement des risques potentiels de ladite recherche. Par ailleurs, dans les deux groupes, la majorité des personnes se déclaraient satisfaites de leur décision, et se révélaient ainsi comme étant probablement difficiles à convaincre d’adopter une position plus mitigée.

Dans un atelier ayant pour trame l’interaction entre chercheurs et personnes issues des communautés, ces résultats ont rappelé combien il demeurait crucial de prendre réellement en compte la parole de ces dernières, sans lesquelles aucune recherche sur une cure du VIH – qu’il s’agisse de rémission ou d’éradication – ne peut progresser.

[1] Dubé, K. et al. Willingness to Participate and Take Risks in HIV Cure Research: Survey Results from 400 People Living with HIV in the US. J. Virus Erad. 3, 40–50 (2017).

[2] Peay, H and Henderson G. What motivates participation in HIV cure trials? A call for real-time assessment to improve informed consent, J Virus Erad. 2015 Jan; 1(1): 51–53.

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