Supprimer les réservoirs viraux signifierait accomplir un pas géant vers la guérison du VIH Et s’ils résistent encore aux différentes stratégies élaborées dans ce but, les chercheurs progressent néanmoins dans leur caractérisation. Mieuxles connaître pour mieux les éliminer, une étape inévitable dans tout combat!
Les traitements antirétroviraux (ARV) per mettent de maintenir une charge virale indétec table dans le sang. Le risque de transmission est ainsi supprimé si certaines conditions sont réunies, mais cela ne signifie pas pour autant que le virus est totalement éradiqué de l’orga nisme. C’est le problème: le VIH est capable de s’intégrer dans les cellules du système immu nitaire (les lymphocytes T CD4) et de stop per toute activité pour ne pas être repéré. Ces
cellules contenant du VIH dit dormant sont appelées les « réservoirs viraux». Ainsi caché, le VIH est protégé des ARV, mais il pourra repasser à l’attaque et se multiplier à nouveau en cas de réactivation de la cellule.
Le Graal des chercheurs: identifier un mar queur exprimé spécifiquement par les cellules réservoirs du VIH afin de pouvoir les éliminer.
L’équipe de Monsef Benkirane, de l’Institut de génétique humaine de Montpellier, l’a touché du doigt en mars 2017 en identifiant la protéine CD32a dans ce rôle de marqueur.
Mais la possibilité d’éliminer entièrement les réservoirs est encore loin. « Nous n’avons pour le moment pas trouvé le marqueur universel des réservoirs», souligne le D’ Asier Saez-Ciri6n, de l’Institut Pasteur (Paris) et président du comité scientifique de Sidaction. Car bien que CD32a soit un bon marqueur, qui semble être induit par le virus lui-même – prouvant sa présence dans la cellule-, ilne permet sans doute pas de détec ter la totalité des réservoirs. « Les réservoirs du VIH sont disséminés dans tout l’organisme. On les retrouve aussi bien dans les ganglions que dans l’intestin. Et les cellules formant les réser voirs ont des caractéristiques bien différentes dans ces deux tissus, explique Asier Saez-Ciri6n. Nous ne connaissons pas encore l’ensemble des localisations des réservoirs. Tous les tissus sont probablement touchés, mais les outils adéquats manquent pour pouvoir tous les explorer. »
Des réservoirs difficiles à dénicher
Intervention précoce : le meilleur espoir
Les premiers réservoirs se forment seule ment quelques heures après l’infection . Et les chercheurs suggèrent que ces réservoirs pré coces sont plus faciles à éliminer, d’où l’inté rêt de traiter les patients le plus vite possible.
« S’il est très difficile d’éradiquer totalement les réservoirs, les limiter est un objectif réalisable indique Asier Saez-Ciri6n. Chez des patients qui avaient été traités seulement quelques jours après l’infection, lorsque le traitement a été stoppé quelques mois plus tard, certains d’entre eux ont réussi à contrôler naturelle ment le peu de cellules infectées restantes. Mais, là encore, des facteurs génétiques indivi duels entrent en ligne de compte. Ainsi, d’autres patients ont au contraire vu leur charge virale remonter suite à l’arrêt des traitements. »
La greffe de moelle osseuse est probable ment la méthode la plus radicale pour éliminer les réservoirs, comme pour le célèbre « patient de Berlin ». Un cas cependant unique et qui n’a pas encore pu être reproduit.