En amont de la Conférence, le HIV HBV Cure Forum s’est tenu les 20 et 21 juillet derniers. Comme rappelé en introduction par le Professeur Sharon Lewin, directrice du Doherty Institute de l’Université de Melbourne et co-présidente de l’initative Towards HIV Cure, ce forum avait pour objectif de partager les efforts scientifiques et d’accélérer la rémission du VIH et celle de l’hépatite B.
257 millions de personnes sont infectées par l’hépatite B (VHB) dans le monde et 886 000 personnes en décèdent chaque année. 10% des 34 millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique sont aussi infectés par l’hépatite B.
Un vaccin efficace existe pour l’hépatite B mais tout le monde n’y a pas accès. Une diversité de traitements s’adapte aux personnes infectées mais comme dans le cas du VIH, le virus n’est pas éliminé. Les chercheurs savent que pour éradiquer ce dernier de l’organisme, il faudra éliminer les cccDNA (ADN circulaires fermées de manière covalente[1]) des hépatocytes tout comme les virus latents des réservoirs du VIH. Il est nécessaire d’avoir des marqueurs permettant de suivre les cellules latentes comme les cellules contenant les cccDNA. Est-ce que ces cellules se propagent en maintenant une infection à bas bruit ? Ou au contraire, ces cellules répliquent le virus fonctionnel. C’est exactement la même problématique dans la recherche sur le VIH.
Certaines approches proposées pour éradiquer l’hépatite B sont les mêmes que pour le VIH comme par exemple les thérapies géniques et les immunothérapies. Elles diffèrent aussi puisque les techniques employées dans la recherche sur le VIH sont beaucoup plus pointues telle que l’analyse d’une cellule infectée. Lilian Cohen, chercheuse au Chan Zuckerberg Biohub, met d’ailleurs en évidence qu’un des défis pour le VIH est aussi de transférer les connaissances fines de l’infection au niveau cellulaire à une approche clinique.
Ce forum réunissait aussi les industries pharmaceutiques autour de la table (Merck, ViiV, Johnson & Johnson et Gilead). Il est à noter que les industriels se sont massivement engagés pour éradiquer le VHB et travaillent notamment sur les immunothérapies ; ce qui laisse la communauté VIH envieuse. Ces industriels croient par ailleurs que la rémission du VIH ne peut pas se faire sans les traitements antirétroviraux (ARV). Pour Jan van Lunzen, directeur de la recherche translationnelle de ViiV, la rémission est l’évolution des soins : ‘Si une étape de la rémission est de pouvoir contrôler la charge virale et éviter une transmission sans prise quotidienne de traitement, on y est presque avec les injections de traitement à longue durée d’action.’
La première journée s’est clôturée par une table ronde sur le thème : « Atteindre un traitement curatif contre le VIH et le VHB: au-delà de la science ». Moses ‘Supercharger’ Nsubuga, un activiste de l’Uganda et agent de prévention vivant avec le VIH depuis 1994 a plaidé l’urgence de proposer un « Cure » aux personnes vivant avec le VIH dans les pays à ressources limitées. La stigmatisation, la rupture régulière des stocks, la résistance aux ARV et la fragilité des financements internationaux sont les raisons principales pour trouver une solution durable pour les PVVIH : « le Cure ».
Le forum s’est conclu par la remise du Prix IAS/Abivax à Natalia Laufer, une chercheuse Argentine pour son engagement et sa contribution à la recherche suite à sa participation à la deuxième édition du « Research-for-Cure Academy » qui s’est tenue en Afrique du Sud. Initié en 2017 par l’IAS en collaboration avec Sidaction et le département de Science et Technologie de l’Afrique du Sud, cet atelier d’immersion complète de 3 jours est une formation sur la recherche en rémission des chercheurs et des cliniciens en début ou milieu de carrière, travaillant dans les pays à ressources limitées.
[1] Une structure particulière de l’ADN qui apparaît lors de la propagation de certains virus, dont le VHB, dans le noyau de la cellule et peut y rester en permanence.