La question de la rémission était au cœur de nombreuses sessions : quand cela sera-t-il envisageable ? Par quels moyens y parvenir ? De nombreuses stratégies agissant sur le réservoir [1] – dernière entrave à une possible rémission – sont à l’étude. Mais, à ce jour, les essais menés n’ont pas induit de réduction suffisante du réservoir. Concernant les vaccins, les résultats de l’essai Approach [2] ont redonné espoir, même s’il reste encore du chemin à parcourir. Le rôle des anticorps neutralisants à large spectre a largement été abordé. Leur utilisation en prévention et en thérapie a montré des résultats prometteurs. Pour les traitements, un focus a été porté sur le dolutégravir. Les premiers résultats de deux études révèlent que l’utilisation de cet antirétroviral en bithérapie comme traitement initial est aussi efficace qu’une trithérapie. Par ailleurs, suite aux résultats de l’étude Tsepamo [3], l’OMS a établi une recommandation concernant son utilisation : pour les femmes en âge de procréer, l’utilisation du dolutégravir doit être accompagnée d’un moyen de contraception.
Cette 22e Conférence internationale sur le sida a encore une fois été l’occasion de mettre en lumière les défis concernant les droits humains et les inégalités sociales et économiques qui restent à surmonter afin de contrôler l’épidémie. La criminalisation du VIH a toujours cours dans de nombreux pays, où les gouvernements ne protègent pas assez les droits humains. Vingt experts scientifiques, parmi lesquels la Pr Françoise Barré-Sinoussi, ont publié une déclaration de consensus [4] encourageant les gouvernements et les acteurs de la justice à se saisir des progrès scientifiques réalisés afin que les connaissances actuelles influencent l’application des lois pour les cas liés au VIH.
Malgré les nombreux moyens de prévention existants, le nombre de nouvelles infections demeure élevé, surtout chez les jeunes. En Afrique subsaharienne, les jeunes femmes, particulièrement touchées par l’épidémie, restent très vulnérables, car elles sont victimes des normes de genre et d’un manque d’accès à l’éducation. Des programmes de prévention et de soins dédiés se développent, comme c’est le cas avec l’initiative Dreams [5], dont le but est de réduire le nombre d’infections VIH chez les jeunes femmes dans dix pays d’Afrique subsaharienne. Les jeunes hommes n’en sont pas pour autant oubliés. Présent à la Conférence, Elton John a déclaré que « nous ne pouvons pas régler ce problème en nous occupant seulement de la moitié des personnes concernées. Si nous voulons gagner ce combat, nous devons faire en sorte que les hommes fassent partie de la solution ». Avec le duc de Sussex, il a ainsi annoncé le lancement de la campagne « MenStar Coalition » à destination des jeunes hommes d’Afrique subsaharienne [6]. Doté d’une enveloppe d’un milliard de dollars, ce projet [7] souhaite s’attaquer au manque de sensibilisation à la prévention du VIH chez les jeunes hommes en élargissant les services de dépistage et de traitement. Pour que la lutte contre le VIH continue de manière efficace, il faut entreprendre des efforts conjoints.
Dans un contexte où les fonds alloués par les grands donateurs diminuent et où les populations vulnérables continuent d’être marginalisées, les instances gouvernementales et de santé doivent plus que jamais travailler de concert avec les communautés afin d’avoir un réel impact. Pour mener ce combat à la victoire, nous pouvons compter sur les jeunes qui se saisissent de plus en plus de cette problématique, donnant ainsi un souffle nouveau à la lutte et nous prouvant que la relève est là.
[1] Ces stratégies visent à réactiver les cellules réservoirs pour ensuite les éliminer (« shock and kill ») ou à faire en sorte que ces cellules ne puissent plus être réactivables (« block and lock »).
[2] thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31364-3/fulltext
[3] Un article y est consacré dans cette édition.
[4] onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/jia2.25161
[5] Partenariat public-privé entre le President’s Emergency Plan for AIDS Relief (Pepfar), la fondation Bill-et-Melinda-Gates, Girl Effect et trois industries pharmaceutiques (Gilead, ViiV Healthcare, Johnson & Jonhson).
[7] Fondé par le Pepfar, Unitaid, la fondation Elton-John, le Children’s Investment Fund Foundation (CIFF), Gilead et Johnson & Jonhson.