Pas de congrès sans parler des traitements contre le VIH. La 22ème édition du congrès de la SFLS n’échappe pas à la règle, bien que les organisateurs n’aient pas réservé beaucoup d’espace au sujet.
La seule présentation sur les thérapeutiques, faite par le professeur Jacques Reynes lors de la 3ème session « les incontournables », aura été l’occasion de faire le point sur les essais en cours ou bientôt achevés susceptible de concerner bientôt les personnes vivant avec le VIH.
Un mot d’ordre : l’allègement
Qui dit allègement, dit moins de molécules ou moins de prise. Confirmant ses résultats, l’essai Gemini démontre encore à 3 ans l’efficacité de la bithérapie dolutegravir/lamivudine en initiation. Également présentés lors de la session, les derniers résultats de l’essai ANRS Quatuor réservent aussi une bonne surprise : à 96 semaines, le niveau de succès virologique s’établit à 92,7 %, validant ainsi l’intérêt d’une prise d’antirétroviraux allégée.
Combinant les bénéfices d’une prise espacée dans le temps et allégée en molécules, la bithérapie injectable de cabotégravir/rilpivirine démontre de son côté sa grande efficacité en maintenance. Injectée tous les mois ou tous les deux mois, le traitement a, lors de l’essai ATLAS 2M, provoqué peu d’échecs virologiques et rencontré peu d’arrêts lié à des effets indésirable à 96 semaines.
Les nouvelles cibles
Passage incontournable de ce type de présentation, Jacques Reynes à fait le point sur les dernières molécules en cours de développement ciblant de nouvelles étapes de réplication virale.
Le lénacapavir, premier inhibiteur de capside du VIH-1, agit à plusieurs étapes du cycle de la réplication virale et ce à des concentrations très faible. Autre avantage, sa demi-vie particulièrement longue permet d’envisager une administration sous-cutanée tous les six mois. Les premiers résultats, à 28 semaines, de l’étude Calibrate suggèrent que le lénacapavir serait efficace dans le cadre d’un traitement de première intention, en association avec au moins une autre molécule.
Autre molécule innovante, l’islatravir est le premier inhibiteur de la translocation de la transcriptase inverse des nucléosides. Très puissante et à longue demi-vie, elle autorise une administration hebdomadaire. Testé en combinaison avec la doravirine, l’islatavir semble confirmer son efficacité au cours d’un essai en phase 2b sur des patients naïfs[i].
Pour les patients déjà lourdement traités ou présentant de nombreuses résistances, l’essai Brighte vient confirmer l’intérêt d’une nouvelle molécule, le fostemsavir. Cet essai établit l’efficacité virologique de cet inhibiteur de l’attachement, permettant de faire gagner aux patients jusqu’à 200 CD4 au bout de 85 semaines.
Et les vaccins ?
Si les essais de vaccins se multiplient, celui de Moderna testant l’efficacité de sa technologie d’ARN messager pour induire une réponse immunitaire contre le virus semble particulièrement prometteur. Suite aux résultats encourageants obtenus lors d’un essai sur les macaques, le laboratoire américain a démarré, le 19 août 2021, la première phase d’un essai clinique visant à tester la tolérance et la réponse immunitaire sur 56 volontaires séronégatifs, âgés de 18 à 56 ans. Ses résultats sont attendus courant 2023.
[i] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34000227/