#Sidaction2024 – « Entendre toutes les générations de personnes vivant avec le VIH » 
Edito – Sidaction a 30 ans, trente années de combat aux côtés des chercheurs, des associations et des personnes vivant avec le VIH. A cette occasion, Florence Thune, la directrice générale de Sidaction, revient sur ces 30 années d’engagement et dessine les perspectives de la lutte contre l’épidémie.
Voilà maintenant 30 ans, qu’aux côtés de Pierre Bergé et Line Renaud, se sont rassemblés associations, chercheurs, médecins, personnes vivant avec le VIH et personnalités artistiques pour créer l’association Ensemble Contre le Sida, devenue Sidaction en 2005. Ensemble pour lutter contre un virus qui tuait encore plusieurs milliers de personnes en France chaque année, et qui allaient en tuer près de 40 millions dans le monde.
Les années 80 avaient déjà vu l’émergence d’associations pionnières comme Aides, Arcat ou Act Up-Paris… et des dizaines d’autres qui, sur le terrain, multipliaient les actions de prévention et accompagnaient les personnes malades. Ensemble contre le sida ne ressemblait à aucune d’entre elles, mais elle a puisé son énergie de leur propre mobilisation, de leur grande expérience pour mieux les servir ensuite, les financer surtout.
Cette alliance inédite entre les associations, les chercheurs et les médecins est véritablement l’ADN de Sidaction et demeure son moteur aujourd’hui. Une alliance également avec les artistes, le monde des médias, mobilisés chaque année aux côtés de Line Renaud, comme c’est de nouveau le cas cette année pour ce Sidaction 2024, porté par la voix de Mylène Farmer.
Sidaction est connue auprès du grand public pour ce rendez-vous annuel qui permet, au moins une fois par an, sur une trentaine de chaines TV et radios, de parler à nouveau du VIH auprès du grand public, et de collecter des dons pour répondre à la première mission de l’association qu’est le financement de la recherche et des associations de terrain.
Bien que sans commune mesure avec le budget annuel de l’ANRS, principal financeur national de la recherche sur le VIH, le soutien de Sidaction a permis aux équipes de recherche de progresser dans la connaissance du virus et de son fonctionnement, et ainsi de contribuer à l’amélioration des stratégies préventives et thérapeutiques. A cela s’est ajouté notre fort engagement auprès des jeunes chercheurs et chercheuses, qui pour certain.es ont mené et mènent encore un brillant parcours dans le domaine de la recherche sur les maladies infectieuses.
« le soutien de Sidaction a permis aux équipes de recherche de progresser dans la connaissance du virus et de son fonctionnement »
Florence Thune, directrice générale de Sidaction
30 ans après la fondation de Sidaction, nous nous engageons résolument dans le soutien à une recherche active, pluridisciplinaire et internationale, qui nous mènera vers la rémission, libérant ainsi les personnes de leurs traitements quotidiens, et nous l’espérons, un jour, vers la guérison définitive.
Le soutien de Sidaction aux associations qu’elles soient en France, en Afrique ou en Europe de l’Est, représente le 2ème pilier des financements accordés par Sidaction grâce à sa collecte tout au long de l’année. Ces associations, agissant au plus près du terrain, ont une fine connaissance de leurs territoires et des publics auxquels elles s’adressent et qu’elles accompagnent tout au long de l’année. Pour encore un trop grand nombre de personnes, elles représentent parfois le seul lieu où elles peuvent parler de leur vie avec le VIH, sans craindre de rejet ou de stigmatisation.
Au quotidien, elles redonnent de l’espoir à ceux et celles qui traversent de grandes difficultés dans leurs parcours de vie, qu’elles soient d’ordre social, psychologique, économique ou administratives. Ces difficultés naissent trop souvent de lois qui plongent les personnes vivant avec le VIH dans l’insécurité, comme la récente loi sur l’immigration, ou dans des situations où leur vie est menacée, comme ces lois criminalisant l’homosexualité dans certains pays.
Tout au long de ces 30 dernières années, Sidaction s’est attelé à maintenir un équilibre, parfois fragile entre deux missions : celle de mener un travail de sensibilisation sur le VIH auprès du grand public, vu parfois comme trop consensuel, voire trop « paillettes », mais répondant cependant à notre volonté de n’écarter personne des messages de prévention, et cette absolue nécessité, une obligation même, de mener une lutte politique répondant à l’engagement de Pierre Bergé, président de Sidaction pendant 21 ans.
Ce combat politique, moins connu du grand public, vise à lever les barrières de l’accès à la prévention et aux soins partout dans le monde. Pour les enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre, pour les personnes discriminées, agressées ou criminalisées sur la base de leur genre ou de leur orientation sexuelle, ou pour les personnes migrantes.
« Tout au long de ces 30 dernières années, Sidaction s’est attelé à maintenir un équilibre entre deux missions : celle de mener un travail de sensibilisation sur le VIH auprès du grand public, et cette absolue nécessité de mener une lutte politique »
Florence Thune, directrice générale de Sidaction
Soutenir Sidaction depuis 30 ans, c’est contribuer également à notre combat commun avec Le Planning Familial et SOS Homophobie, dans le cadre de la campagne « Cas d’Ecole », pour que la loi de 2001 prévoyant trois séances d’éducation à la sexualité par an tout au long de la vie scolaire, soit enfin appliquée.
Les jeunes doivent bénéficier d’une réelle éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle qui leur permettra de cheminer dans le respect de soi et de l’autre, et qui les mènera en tant qu’adolescent.es puis jeunes adultes, vers une sexualité épanouie et sans risques. C’est aussi le temps où ils devront être convenablement informés de ce qu’est aujourd’hui la vie avec le VIH, et éviter ainsi de croire qu’ils pourraient être contaminés en embrassant une personne séropositive ou qu’un comprimé de paracétamol les protégeraient du VIH.
Enfin, le combat de Sidaction, c’est contribuer aux initiatives qui permettent d’entendre toutes les générations de personnes vivant avec le VIH, de recueillir et porter leurs demandes. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes joints au collectif associatif en charge de l’organisation des états généraux des personnes vivant avec le VIH qui se tiendra en mai prochain.
Parce qu’il y autant d’histoires de vie avec le VIH qu’il y a de personnes vivant avec ce virus, il est aujourd’hui – plus que jamais – important que ces voix soient entendues, aussi diverses soient elles dans leur expression, et que chacun.e se saisisse de leurs recommandations.
Pour toutes ces personnes, pour celles et ceux dont les droits sont encore bafoués au quotidien, et pour cette jeune génération pour laquelle nous nous engageons vers un monde sans sida, nous n’avons pas le droit d’arrêter. Tant que ce virus et les injustices qu’il entraine seront encore présents, nous ne cesserons ce combat entamé collectivement il y a maintenant 30 ans.
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