vih Sommes-nous proches de trouver un vaccin efficace contre le VIH ?

27.07.18
Nora Yahia
5 min
Visuel Sommes-nous proches de trouver un vaccin efficace contre le VIH ?

Depuis le début de l’épidémie, la recherche d’un vaccin est l’un des moteurs de la lutte contre le VIH. Les nombreux essais menés jusqu’ici étaient peu concluants, hormis l’essai « Thaï » de 2009 qui a montré une efficacité de protection de 31 %. Ces résultats ont relancé l’espoir, et les nouveaux vaccins en cours de développement s’inspirent désormais de la stratégie de « prime-boost » de cet essai : une injection pour stimuler les défenses immunitaires dans un premier temps, suivie d’autres injections, dans un deuxième temps, pour maintenir et renforcer ces défenses. Il s’agit maintenant de trouver le régime vaccinal qui permettra d’obtenir un fort taux de protection dans la population.

Le docteur Frank Tomaka (Janssen Research & Development, USA) a présenté les résultats très encourageants de l’essai APPROACH, publiés dans la revue The Lancet[1], au début du mois. Cet essai de phase 1/2a est le fruit de la collaboration entre les équipes de recherche de l’Ecole de médecine d’Harvard, menées par le professeur Dan Barouch, et l’industrie pharmaceutique Janssen. 394 individus séronégatifs ont été recrutés dans cinq pays (Etats-Unis, Rwanda, Afrique du Sud, Thaïlande et Ouganda). La répartition par genre des participants était équilibrée, avec 54 % d’homme et 46 % de femme.

Avec cet essai, le but recherché est de développer un vaccin préventif capable de protéger contre plusieurs variants du virus. Pour cela, les équipes de recherche ont développé un vaccin dit « mosaïque », composé d’ARN codant pour les protéines env, gag et pol du virus HIV, encapsidé dans des vecteurs viraux (Adenovirus 26 et Modified Vaccinia Ankara), et de la protéine gp140 (d’un virus de clade C) sous forme trimérique soluble. Pourquoi une telle combinaison ? Les vecteurs viraux, capables de mimer une infection, vont stimuler la réponse immunitaire. Comme ils contiennent des séquences génomiques de différents variants viraux, la réponse induite couvrira un large éventail de virus. La protéine gp 140, combinée avec un adjuvant et du phosphate d’aluminium, sert, quant à elle, à booster la réponse immune spécifique du VIH induite. Les chercheurs ont testé différents régimes de vaccination pour trouver celui qui sera capable de provoquer la meilleure réponse. Les participants ont ainsi été séparés en sept groupes, pour tester différentes combinaisons de « prime-boost ». Cet essai présente une particularité, puisqu’en parallèle de l’étude menée chez l’homme pour tester la sûreté et l’immunogénicité[2] du vaccin, des tests ont été menés chez les macaques rhésus afin d’en mesurer l’efficacité. Pour cela, les animaux ont reçu différentes combinaisons de vaccin, mimant celui présent dans l’essai APPROACH.

Quels sont les résultats obtenus ? Pour ce qui est de la sûreté du vaccin, aucun évènement indésirable grave n’a été reporté. Des effets secondaires ont été recensés, le plus souvent des douleurs au niveau du site d’injection, des maux de tête et de la fatigue (effets que l’on retrouve avec d’autres vaccins). Seul un volontaire a dû arrêter sa participation à l’essai, après une suspicion de réaction allergique. Concernant l’immunogénicité du vaccin, parmi les différentes combinaisons testées, le régime composé de deux primes avec le vecteur Ad26 suivi de deux boosts avec la gp 140 est celui qui a donné les meilleurs résultats. Cette combinaison a induit une réponse humorale (production d’anticorps) chez 100 % des participants, 12 semaines après vaccination. Les anticorps produits sont capables de reconnaître différents variants du virus. Une réponse cellulaire de type CD4 et CD8 est également produite chez 83 % des participants. Les résultats à 52 semaines, présentés à la conférence, montrent que ce vaccin est capable d’induire une réponse humorale et cellulaire qui persiste jusqu’à un an après la vaccination. Les résultats obtenus chez les macaques rhésus sont venus renforcer ceux observés chez l’homme. Ils ont développé une réponse immune similaire à celle des participants d’APPROACH. De plus, les tests de challenge viral[3] ont montré une efficacité de protection du vaccin de 67 %, et ce après six challenges viraux.

Etape suivante : confirmer ces résultats à plus grande échelle. Et les équipes de recherche n’ont pas attendu pour le faire, puisqu’ils ont lancé leur essai de phase 2b après les résultats encourageants de l’essai APPROACH obtenus au bout de 28 semaines. Ce nouvel essai, IMBOKODO, est mené en Afrique du Sud auprès de 2.600 jeunes femmes séronégatives, et les premiers résultats sont attendus pour 2021. Pour conclure, même s’il reste encore du chemin à parcourir, les chercheurs ont intégrés les connaissances pluridisciplinaires pour mettre en place cette stratégie vaccinale qui permet de s’approcher du vaccin efficace –tant attendu.

[1] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31364-3/fulltext

[2] Capacité à induire une réponse immunitaire.

[3] Ces expériences permettent de tester l’efficacité d’un vaccin à protéger de l’infection. Après avoir reçu une injection du composé vaccinal, les animaux sont exposés au pathogène pour vérifier que le vaccin est capable d’induire une réponse immunitaire protectrice.

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