vih Symposium Sidaction : quelle place dans la lutte pour les jeunes l’Afrique de l’Ouest et du Centre ?

07.04.22
Nicolas Gateau
5 min
Visuel Symposium Sidaction : quelle place dans la lutte pour les jeunes l’Afrique de l’Ouest et du Centre ?

Lors de cette AFRAVIH, Sidaction organisait un symposium consacré au jeunes d’Afrique de l’Ouest et du Centre, un public trop souvent oublié par la lutte contre le VIH. Sous forme de table ronde, cet événement a différents pairs éducateurs d’évoquer, à travers leurs expériences, la pertinence et l’efficacité des activités menées par des jeunes auprès d’autres jeunes dans le cadre d’une prise en charge globale et adaptée aux enjeux spécifiques à cet âge de la vie.

« Les rendre visibles et montrer l’expérience des jeunes », c’est par ces mots que Florence Thune, directrice générale de Sidaction, introduit le symposium organisé cette année à l’AFRAVIH par Sidaction et consacré aux jeunes vivant avec le VIH. L’enjeu est de taille : si, au Nord, le VIH pédiatrique semble un lointain souvenir réglé par les progrès de la PTME, ce n’est pas le cas en Afrique où, rappelle Florence Thune, « le VIH est encore la première cause de mortalité des jeunes de 10 à 19 ans ».

Pour en parler, ce symposium animé par Koudia Saw, chercheuse au Centre Régional de Recherche et de Formation à la Prise en Charge Clinique de Fann (CRCF) au Sénégal, donnait la parole à plusieurs jeunes pairs éducateurs issus du réseau Grandir ensemble, financé par Sidaction.

En préambule de la table ronde, la chercheuse déplore, « le peu de place qui est laissé aux enfants, aux ados et aux jeunes en Afrique sur la question du VIH » et invite les différents intervenants à s’exprimer sur leur expérience en tant que pairs éducateurs. Tous soulignent combien mener des activités avec et pour les jeunes leur a apporté.

« En tant que jeune vivant avec le VIH, explique Fatoumata Kontao de l’association Arcad Santé Plus au Mali, je ressentais beaucoup d’angoisse : est-ce que j’allais pouvoir me marier et avoir des enfants ? Mes enfants pourraient-ils être séronégatifs ? Allais-je vivre longtemps ? La paire-éducation m’a permis de sortir de cette angoisse ».

Pour Noami, jeune personne Trans impliquée dans l’association REVS Plus au Burkina, son activité de paire-éducation menée auprès de jeunes personnes trans lui a d’abord permis de sortir de l’isolement. « Les personnes trans au Burkina sont très stigmatisées, même dans la communauté LGBT. Elles subissent des violences, physiques notamment, et encore plus quand elles sont séropositives. Les activités de paire-éducation m’ont permis créer un espace pour leur permettre de s’exprimer, de casser la solitude. »

Un engagement au service des jeunes

Cette expérience de paire-éducation a pour la majorité des intervenants été à l’origine d’un investissement plus poussé en faveur des jeunes. Naomi, par exemple, a créé sa propre association de soutien aux personnes Trans au Burkina, le réseau Transgender Burkina. Seydina, président du réseau Convergences à Dakar au Sénégal, a de son côté monté son propre projet, le projet « transition ».

« En tant que pair éducateur, explique-t-il, je me suis rendu compte que le passage du service pédiatrique, qui accompagne les enfants, au service des adultes qui suivent les jeunes vivant avec le VIH était un passage critique ». Il souligne l’isolement ressenti par ces jeunes soudainement laissés à eux-mêmes, qui peut avoir un impact direct sur la prise des traitements et le rebond de la charge virale.

« Le projet transition adresse précisément ce problème, poursuit-il. Formés en ETP et sur l’estime de soi, les 28 pairs éducateurs du projet accompagnent les jeunes qui sortent du service pédiatrique en un apportant un soutien pratique, en les conduisant eux rendez-vous médicaux par exemple, et psycho-social. »

Efficaces, toutes ces initiatives reposent principalement sur l’activité bénévole des pairs éducateurs et sont malheureusement loin de couvrir les tous les besoins. Pour Patrick, fondateur de fondateur Réseau Camerounais des adolescents et jeunes positifs (RéCAJ+) à Yaoundé au Cameroun, il faut faire plus. Interrogé sur les enjeux de plaidoyer pour les jeunes, il insiste ainsi sur la nécessité d’impliquer véritablement les jeunes dans les programmes de lutte contre le VIH/Sida.

« Nous sommes capables, en tant que pairs éducateurs, d’identifier les problèmes, mais on ne nous fait pas participer. Pourtant, pour nous, les enjeux de la lutte contre l’épidémie sont différents de ceux des générations qui nous précédent. » Dieu-donné, pair éducateur chez Espoir Vie au Togo, abonde : « Nous savons ce que nous vivons avec le VIH, nous avons l’expertise. Nous voulons participer aux décisions et contribuer de façon autonome à la lutte contre le VIH. »

La paire-éducation, qu’est-ce que c’est ?

Les « pairs » désignent des individus ayant des caractéristiques communes, telles que le genre, l’âge, les centres d’intérêt ou simplement le vécu. « La paire-éducation » part du principe qu’un jeune aime apprendre d’un autre jeune comme lui qui partage les mêmes vécus, qui est confronté aux mêmes problèmes. C’est pourquoi le concept d’éducation par les pairs a été développé pour permettre aux jeunes d’apprendre par les jeunes. L’éducation par les pairs favorise réellement l’adoption de comportements préventifs face au VIH/SIDA, et constitue une stratégie interventionnelle qui a prouvé son efficacité.

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