Le réservoir viral reste encore aujourd’hui l’obstacle majeur à contourner pour guérir du VIH. Bien à l’abri dans l’organisme, ces cellules restent difficiles d’accès aux scientifiques qui cherchent à les caractériser, pour les éliminer. C’était sans compter sur l’altruisme de personnes vivant avec le VIH en fin de vie qui, pour faire avancer la recherche sur le VIH, font don de leur corps à la science.
Lorsque le virus VIH infecte l’organisme, il va très rapidement établir son réservoir viral. Ces cellules qui contiennent le virus « endormi » échappent au système immunitaire et aux antirétroviraux. La majorité des études portant sur le réservoir sont réalisées sur les lymphocytes T CD4 circulants. Or, ces cellules réservoirs sont disséminées dans tout l’organisme, se cachant dans des organes profonds (cerveau, poumon, foie…) qui ne sont pas accessibles aux chercheurs. Pourtant, la caractérisation des réservoirs tissulaires, où le VIH persiste sous traitement est primordiale pour développer des stratégies curatives qui soient efficaces.
Présentée lors d’une pré-conférence juste avant AIDS 2022, l’étude Last Gift s’adresse aux personnes infectées par le VIH, atteintes d’une maladie en phase terminale, avec un pronostic de vie inférieur à six mois. Cette étude consiste en l’autopsie rapide (dans les six heures) des personnes ayant consenti à participer. Un suivi est réalisé avant leur mort, avec récolte de données cliniques et prélèvements sanguins. Depuis sa mise en place en 2017 à l’Université de Californie (San Diego), l’étude a recruté 30 personnes.
Le projet Last Gift présente des points forts par rapport aux autres études post-mortem qui existent déjà. La rapidité de l’autopsie après la mort permet de garder l’intégrité des protéines et du matériel génétique (ADN et ARN) qui seront analysés par la suite. Cela permet donc d’être au plus près de ce qui se passe réellement dans l’organisme. De plus, le suivi clinique réalisé en amont apporte de nombreuses informations, qui seront utiles dans l’interprétation des données obtenues post-mortem.
Cette étude peut poser des questions éthiques et les investigateurs l’ont bien pris en compte. Des entretiens ont été réalisés auprès des participants afin qu’ils témoignent de leurs motivations, de leurs vécus et sentiments à participer à ce type de recherche. Il ressort de ces entretiens que cette étude a une grande signification pour les participants en fin de vie. Ils expriment des sentiments d’appartenance à un mouvement collectif pour faire avancer la recherche sur le VIH. La possibilité de laisser un héritage a même été avancée par certains participants.
Une place importante est également donnée aux proches des participants. Certains d’entre eux ont d’ailleurs participé à des entretiens pour connaître leur perception sur cette nouvelle approche. Ces évaluations font partie intégrante du projet et permettront d’améliorer la conception de futures études de ce type, qui sont primordiales pour faire avancer la recherche sur le Cure.