En ce dernier jour de conférence, focus sur une thérapie cellulaire, qui vise une rémission durable et accessible, en s’inspirant du modèle de greffe de cellules souches mutées pour le CCR5.
Eliminer l’ensemble des réservoirs viraux présents dans l’organisme est le but à atteindre pour enfin pouvoir parler de guérison dans le cadre de l’infection VIH. Malheureusement, malgré les innovations thérapeutiques et technologiques, les chercheurs n’ont toujours pas trouvé la traitement « miracle » qui permettrait d’en venir à bout.
Comme l’a rappelé la Dr Ana B. Enriquez (Université Emory, Atlanta) au début de sa présentation, les cas de rémission durable (patient de Berlin, Londres, Düsseldorf) ont été obtenus par une greffe de cellules souches mutées pour le récepteur CCR5. Mais ce type de thérapie très lourde n’est pas applicable à tout le monde.
La thérapie cellulaire présentée en conférence se veut plus simple et accessible. Elle consiste à prélever les lymphocytes T CD4 d’une personne vivant avec le VIH, de les transformer en laboratoire afin qu’elles expriment un récepteur CCR5 non-fonctionnel, avant de les réinjecter à la personne. Les premiers essais menés ont montré que cette procédure est sûre et bien tolérée par les personnes. Mais qu’en est-il de son efficacité à réduire la taille du réservoir et induire un contrôle viral à long terme sans traitement ?
Pour répondre à ces questions, un nouvel essai a été mené sur 18 personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral. Après avoir reçu une perfusion de leurs cellules CD4 modifiées, les participants ont été séparés en deux groupes : l’un toujours son traitement et l’autre où il était interrompu. Les participants ont été suivis sur une période de six ans.
Les résultats montrent qu’une seule perfusion de cellules induit une augmentation significative du nombre de lymphocytes T CD4, une diminution de la taille du réservoir chez les PvVIH restés sous ARV ainsi qu’un contrôle de la charge virale, allant d’un à six ans, chez cinq PVVIH ayant arrêté leur traitement.
La caractérisation des lymphocytes T CD4 montre un enrichissement post-perfusion de la population de cellules CD45RAintROint (RORA) modifiées pour le CCR5, qui persistent jusque quatre ans. Avec leur récepteur CCR5 muté, ces cellules ne peuvent plus être infectées par le VIH. Cette protection contre l’infection favorise le développement de réponses cellulaires antivirales de longue durée par les lymphocytes T CD4 et CD8, qui peuvent contrôler la virémie et faciliter un état de rémission.