La militante pour les droits des trans, Hélène Hazèra, réagit à l’adoption, en avril, de la loi pénalisant les clients de personnes prostituées. Billet d’humeur.
Un lourd coup vient d’être porté, avec la première floraison printanière, aux trans travailleuses du sexe (et aux gigolos) en France : le vote définitif par le Parlement de la loi pénalisant les clients. D’abord déposée au début du quinquennat, elle s’inscrit dans un arsenal d’arrêts autoritaires du gouvernement Hollande : contre les roms, contre les putes, contre les réfugiés, contre la liberté de coiffure des femmes… et maintenant, contre les salariés.
Giovanna Rincon, fondatrice d’Acceptess-T, une association majoritairement constituée de trans migrantes, précise que « depuis des mois, les revenus des filles diminuent. Pour les plus précaires, c’est la misère absolue ». Du coup, tous les scénarios qu’avaient avancé les associations de lutte contre le sida se réalisent : « Les clients sont paniqués, tout se fait trop vite, il n’y a plus le temps pour négocier le préservatif. Je conseille à nos usagères séronégatives de se mettre à la PrEP en surveillant les autres IST. »
« La misère absolue »
Sous prétexte de féminisme, on met les femmes en danger
Le mépris du président de la République de l’avis du Conseil national du sida et de celui des associations de lutte contre le sida est sidérant. L’épidémie se nourrit d’ignorance. Et l’ignorance, le tabou, est ici que les femmes trans ont des hommes mariés pour clients. Si ceux-ci se contaminent, ils contamineront leurs femmes. Sous prétexte de féminisme, on met les femmes en danger.
La chasse à la prostituée est un sport d’intégristes religieux. Le plus triste dans cette croisade aura été de retrouver des archéo-féministes alliées au holding catholique intégriste du Mouvement du nid. Simone de Beauvoir avait reçu une délégation de la grande grève des putes de 1975, aidé Margo St. James à monter le Coyote (Call Off Your Old Tired Ethics), premier syndicat de prostituées dans le monde. Le collectif 8 mars pour touTEs a tourné la page de ce féminisme policier.