vih Trois questions à Anaïs Saint-Gal, chargée de plaidoyer chez Sidaction

12.07.16
Anaïs Giroux
5 min

Interview d’Anaïs Saint-Gal, chargée de plaidoyer chez Sidaction, de retour d’une mission d’étude parlementaire sur le VIH et la tuberculose à Madagascar, organisée en partenariat avec Action Santé Mondiale.

Le principal objectif était de sensibiliser les parlementaires présents* à la nécessité de soutenir l’aide publique au développement de la France dans la lutte contre le VIH/sida, que ce soit par le biais de financements bilatéraux ou multilatéraux comme le Fonds mondial. Cette mission fait suite à l’annonce de François Hollande du maintien de la contribution de la France au Fonds mondial, et permet de s’assurer de la concrétisation de cette annonce auprès des parlementaires qui voteront le projet de loi de finances en septembre prochain. Depuis cinq ans, l’aide française au développement baisse, et notamment le financement de l’aide en santé, ce qui pose des soucis importants pour les années à venir.

Quels étaient les objectifs de cette mission ?

Cette mission a été organisée à l’occasion de la 42e réunion de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) qui se tient à Antananarivo ce 11 juillet. Elle fait suite à une précédente mission d’étude en Afrique du Sud, un pays également très touché par l’épidémie de VIH. Madagascar est le 5e pays le plus pauvre au monde, où 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et le contexte de l’épidémie y est très particulier. L’Onusida estimait en 2015 le nombre de personnes y vivant avec le VIH à 48 000, mais ce nombre serait beaucoup plus important selon les associations de terrain malgaches. Seuls 3% de ces personnes ont accès aux ARV car les besoins ne sont justement pas identifiés. C’est une épidémie concentrée pour l’instant sur les populations clés mais qu’il y a un fort risque de généralisation de l’épidémie dans les prochaines années si le gouvernement ne réagis pas et ne prend pas conscience de l’étendu de la maladie.

De plus, en termes de développement, Madagascar est le seul exemple d’un pays en régression depuis 45 ans, alors qu’il s’agit d’un pays riche en ressources à exploiter. Le contexte politique est également extrêmement tendu, et même si un nouveau président est au pouvoir depuis deux ans, le pays sort d’une longue période de transition sans gouvernement durant laquelle de nombreux bailleurs de fonds sont partis. Résultat : alors que dans certains pays d’Afrique, on dénombre une vingtaine d’aide bilatéral d’autres états, moins d’une dizaine d’états sont investis à Madagascar.

Pourquoi avoir choisi Madagascar et quel est le contexte de l’épidémie de VIH là-bas ?

Nous avons passé quatre jours très intenses entre rencontres des institutions (Comité national de lutte contre le sida, Agence française de développement, Délégation de l’Union européenne à Madagascar) et des associations de terrain (Sisal, Ainga Aides). Cette organisation a été très appréciée des parlementaires car les visites sur le terrain ont permis de rencontrer et de discuter avec les PVVIH bénéficiaires et de contrebalancer des discours théoriques parfois optimistes… Notamment concernant le nombre de personnes touchées par le VIH. Le dernier recensement de la population datant de 1993, il paraît en effet peu probable d’avoir des chiffres réalistes. 

Nous avons également tous été choqués par l’extrême pauvreté de ce pays et par le peu de moyens d’actions dont disposent les associations de lutte contre le VIH pour agir… La question de l’accès aux soins est primordiale dans ce pays où de nombreuses zones enclavées sont inaccessibles par la route, routes d’ailleurs en très mauvais état. Par ailleurs, si les médicaments sont gratuits, le suivi biologique reste payant. Il s’agit donc d’un problème de pauvreté qui va au delà du VIH et qui touche tous les domaines sociaux essentiels comme la nutrition ou encore l’éducation. Les parlementaires présents sont donc rentré.e.s de Madagascar avec une envie de faire bouger les choses, d’agir sur la question et aussi de sensibiliser leurs confrères et consœurs. J’ai beaucoup entendu durant la mission que « cela ferait du bien à certains de venir ici sur le terrain » ! Pour nous, c’est donc une mission réussie.

Comment cette mission s’est-elle déroulée ?

* Les parlementaires présents :
  • Sabine Buis, Député SER de l’Ardèche, Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
  • Chantal Guittet, Député SER du Finistère, Secrétaire de la commission des affaires étrangères, Leader du réseau francophone contre la TB (Francophone TB Caucus)
  • Pierre Morel-A-L’Huissier, Député LR de Lozère, Membre de la commission des lois
  • Gabriel Serville, Député GDR de Guyane, Membre de la commission des affaires étrangères
  • Catherine Troallic, Député SER de Seine-Maritime, Membre de la commission des affaires économiques
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