Effet d’annonce ou virage stratégique dans la lutte contre le VIH aux États-Unis ? Donald Trump a suscité la surprise en février en annonçant sa volonté d’éradiquer l’épidémie de VIH dans son pays d’ici à 2030. Son objectif est de réduire le nombre de nouvelles contaminations de 75 % en cinq ans et de 90 % en dix ans. 291 millions de dollars devraient être investis pour relancer la lutte contre l’épidémie, qui stagne depuis 2013 à environ 39 000 contaminations par an.
Inquiétude sur les financements
Cette prise de position de Donald Trump suscite de nombreuses interrogations, tant il n’a pas marqué d’empressement à s’engager contre le VIH. L’an passé, son administration avait même proposé de réduire d’un milliard le budget du programme américain Pepfar, qui finance de nombreuses actions de lutte contre le sida dans le monde. Elle souhaitait aussi baisser de 425 millions de dollars la contribution américaine au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. « Mais heureusement, le Congrès a refusé de voter ces baisses de crédits », souligne Khalil Elouardighi, directeur du plaidoyer à Coalition Plus.
Des droits remis en cause
Donald Trump a aussi décidé que l’Administration ne financerait plus les ONG qui agissent en faveur de l’avortement. Et en avril les États-Unis ont largement amoindri la portée d’une résolution qui vise à lutter contre les violences sexuelles lors des conflits en retirant une mention qui concerne le droit à l’avortement pour les victimes de viol. « À la conférence d’Amsterdam, en juillet 2018, il y a eu un appel pour dénoncer le contraste entre le leadership des scientifiques américains sur le VIH et la position de Donald Trump, qui estime que la science est quelque chose de suspect dont il faut se méfier », explique Khalil Elouardighi.
Il est difficile à ce stade de dire si l’annonce présidentielle sera réellement suivie d’effets. La revue scientifique Nature reste prudente en constatant que « les déclarations et la politique de Trump ont largement miné la confiance et rendu l’accès aux soins plus difficile parmi ceux qui, dans certaines communautés, ont un risque plus important de contracter le VIH, notamment les personnes de couleur, les usagers de drogues, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes transgenres et les personnes pauvres ».