vih Un rôle du microenvironnement dans l’établissement de la latence virale ?

29.11.18
Nora Yahia
3 min

Les réservoirs viraux s’établissent rapidement après l’infection par le VIH. Bien que ces réservoirs soient hermétiques aux traitements ARV actuels, une mise sous traitement précoce permet tout de même d’en diminuer la quantité. Toutefois, ces réservoirs qui contiennent des virus latents sont toujours présents dans le sang et les tissus des personnes sous traitement. Récemment la technique du « shock and kill », consistant à réveiller les virus latents pour ensuite les éliminer avait donné un regain d’espoir aux équipes de recherche. Malheureusement le premier essai clinique mené au Royaume Uni (essai RIVER), n’a pas donné de résultat probant. Ces virus latents ne semblent pas réversibles mais surtout, le mécanisme qui empêche leur expression n’est pas encore bien défini. Le Dr Steven Yukl et son équipe ont émis l’hypothèse que l’environnement des cellules infectées pourrait influencer les mécanismes de l’expression virale[i].

Durant l’infection, après l’intégration de l’ADN viral dans le génome cellulaire, la transcription est la première étape qui va permettre la formation de nouveaux virus. L’ADN viral va être transcrit en ARN qui sera ensuite traduit en différentes protéines constituant le virus. Cette transcription se fait en plusieurs étapes que l’on peut résumer en 3 stades : l’initiation, l’élongation et la terminaison. Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont analysé la transcription virale à partir de prélèvements sanguins et rectaux de patients sous traitement ARV[ii]. Le choix des tissus rectaux comme second environnement analysé porte sur le fait que ce site est une des voies d’entrée du virus lors de l’infection. De plus, les intestins représentent un réservoir majeur du virus. L’équipe de recherche a montré qu’au cours de la latence, la transcription est bloquée sur les différentes étapes de manière différentielle, en regard des tissus dans lesquels les lymphocytes T CD4 se trouvent. Au niveau sanguin, le blocage de la transcription s’effectue préférentiellement à partir du stade de l’élongation. Au niveau du rectum, le blocage est plus important au niveau de l’initiation de la traduction.

Ces nouvelles données mettent en lumière l’hétérogénéité des réservoirs présents dans les différents tissus. Ces travaux soulèvent de nombreuses questions sur les mécanismes régulant la latence virale. Les chercheurs doivent maintenant déterminer les facteurs (viraux et/ou cellulaires) qui agissent sur cette différence de blocage de la transcription observée entre les deux tissus. Il faudra également vérifier si ces mécanismes sont applicables aux réservoirs présents dans les autres tissus. C’est à ce moment là, en ayant toutes les clés en main, que l’on pourra alors développer de nouvelles thérapies ou améliorer les existantes pour qu’elles soient capables de cibler de manière efficace les réservoirs viraux présents dans les différents tissus.

Notes

I – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30440043

II – ARV : anti-rétroviral

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