vih Une prévention à action prolongée pour les femmes

19.03.21
Cécile Josselin
4 min

Depuis juillet dernier, grâce à l’étude HPTN 083, on connaît la plus grande efficience de la prophylaxie préexposition (PrEP) injectable chez les hommes. Désormais, on a la preuve qu’il en est de même pour les femmes : l’étude HPTN 084 confirme en effet qu’une injection de cabotégravir à action prolongé (ou « long acting») tous les deux mois est 89 % plus efficace que la prise quotidienne de comprimés oraux de Truvada® (emtricitabine + ténofovir) pour parer une contamination par le VIH chez des femmes en Afrique subsaharienne. Ce résultat dépasse même celui observé chez les hommes, lequel ne démontrait « qu’une » réduction de 66 % des infections dans une configuration identique.

À l’origine de cette très bonne nouvelle, une étude menée dans sept pays d’Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Eswatini, Kenya, Malawi, Ouganda et Zimbabwe) auprès de 3 223 femmes âgées de 18 à 45 ans et présentant un risque élevé d’infection par le VIH. La supériorité du cabotégravir est tellement flagrante que l’étude initialement conçue pour se poursuivre jusqu’en 2022 a été arrêtée en novembre dernier afin que cette forme injectable de PrEP bénéficie à toutes les participantes. Parmi les 38 femmes qui ont contracté le VIH durant l’essai, quatre ont reçu une injection de cabotégravir et 34 devaient prendre quotidiennement du Truvada® par voie orale. « Le risque de contamination au VIH était neuf fois inférieur avec une injection de cabotégravir qu’avec la prise quotidienne de Truvada® », résume l’Onusida.

Plus que la différence de molécule, la supériorité du cabotégravir semble s’expliquer par la question de l’observance. Des tests effectués sur un sous-groupe de femmes ayant reçu des cachets de Truvada® ont en effet révélé que seulement 64 % des échantillons sanguins contenaient du ténofovir à un niveau détectable et seulement 48 % d’entre eux indiquaient une utilisation quotidienne. Pour certaines femmes, la prise quotidienne de médicaments est problématique, car susceptible d’oublis. En outre, jugée peu discrète, la PrEP orale pâtit d’une opinion défavorable d’utilisatrices qui préfèrent rater une prise plutôt que d’être surprises en train de prendre un cachet. 

Une PrEP qui devrait révolutionner la prévention

« Les femmes ont besoin de choix plus efficaces pour la prévention du VIH », insiste Kimberly Smith, responsable de la recherche et du développement chez ViiV Healthcare.Et d’ajouter : « S’il est approuvé, le cabotégravir à action prolongée fournira une option qui réduit le nombre de jours d’administration annuelle de 365 à six. » Ce qui est une avancée considérable, capable de leur changer la vie et de favoriser une stricte observance.« Le cabotégravir à action prolongée peut être administré de manière discrète et peut donner aux femmes les moyens de réduire leur risque de contracter le VIH sans avoir à négocier avec leur partenaire sexuel », précise-t-elle.

« L’Onusida demande depuis longtemps des options supplémentaires, acceptables et efficaces, de prévention du VIH pour les femmes, etcet antirétroviral pourrait vraiment changer la donne, déclare pour sa part Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. Si les donateurs et les pays investissent dans la démocratisation de l’accès à une PrEP injectable destinée aux femmes exposées à un risque élevé de contamination, cela permettrait de baisser considérablement les nouvelles infections. »

Pour déterminer si l’efficacité est la même chez les adolescent·e·s, deux études complémentaires (HPTN 083-01 et HPTN 084-01) sont en cours de recrutement. Elles évalueront l’innocuité, l’acceptabilité et la tolérance du cabotégravir injectable chez des personnes plus jeunes.

En matière d’action prolongée, rappelons pour mémoire que l’anneau vaginal à base de dapivirine avait été testé par deux essais cliniques : Aspire et The Ring Study. L’efficacité était moindre puisqu’elle ne réduisait le risque d’infection par le VIH « que » de près de 30 % chez les femmes âgées de 18 à 45 ans (50 % avec une utilisation plus rigoureuse, selon des données récentes d’études ouvertes).

Les implants à action prolongée introduits sous la peau ont également l’attention de plusieurs scientifiques, mais ils n’ont pas encore été testés chez l’homme. Si l’action prolongée est à n’en pas douter l’avenir de la PrEP, il faudra probablement attendre encore plusieurs années avant que ce procédé soit mis à la disposition du grand public. 

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