vih Vaccins contre le VIH: où en est la recherche ?

08.03.18
Angeline Rouers
5 min

Entre les effets d’annonce et une attente portée par le monde entier, la recherche vaccinale poursuit son chemin.

Une protection de 31,2 % de la population vac­cinée. C’est le résultat obtenu et communiqué en septembre 2009 de l’essai RVl 44, dit Thaï, initié en 2003 par les scientifiques de l’armée américaine sur 16 402 volontaires thaïlandais séronégatifs. Ce taux de protection – bien que modéré – n’avait encore jamais été atteint avec d’autres vaccins expérimentaux. Un résultat qui a donc donné un nouveau souffle à la com­munauté scientifique et l’élan nécessaire aux essais à venir.

En juillet 2017, s’est tenue à Paris la 9ème IAS. Cette conférence internationale a été l’occasion de faire le point sur les essais en cours. Vaccins prophylactiques et thérapeutiques au programme [1].

La course aux vaccins prophylactiques

Prévenir l’infection par le VIH afin d’endi­guer la pandémie fait partie des sujets brû­lants du monde scientifique. La liste des essais cliniques à ce sujet est très longue, et un essai clinique à lui tout seul est d’ailleurs tout aussi long.

En ligne directe avec l’essai Thaï : l’es­sai HVTN702. Débuté en novembre 2016 en Afrique du Sud sur 5 400 hommes et femmes séronégatifs, cet essai de phase 2b/3 teste une nouvelle version du vaccin utilisé lors de l’essai Thaï. Une première injection (prime) contient de l’ADN codant pour différentes parties du VIH (communément appelées gag, pol et env), puis une seconde injection (boost) contient des protéines du VIH déjà constituées. HVTN702 fait suite à l’essai HVTNl 00 qui a démontré la sécurité et la tolérance de cette nouvelle ver­sion expérimentale du vaccin. Premiers résul­tats attendus en 2021.

Basé sur une tout autre stratégie, l’essai Approach est également prometteur. Déve­loppé par les laboratoires Janssen, il s’agit d’un vaccin mosaïque qui vise à protéger contre de nombreuses souches du VIH. L’idée étant de mettre au point un vaccin global. Une première injection contient un virus bien différent du VIH – le virus du rhume- sur lequel sont implantés des morceaux de VIH de diverses souches. Le virus du rhume est ici totalement inoffensif et sert seulement de support afin d’exposer le VIH en pièces détachées au système immunitaire. Vient ensuite une seconde injection contenant les morceaux « libres » du VIH. Présentés à la 9ème IAS par Dan Barouch, chercheur à l’univer­sité d’Harvard (États-Unis), les premiers résul­tats de la phase 1/2a montrent que 100 % des volontaires ayant reçu ce prototype de vac­cin produisent des anticorps de bonne qualité contre le VIH. Les scientifiques espèrent transformer l’essai lors de la prochaine étape, qui a été lancée fin 2017. Il s’agit de l’essai lmbokodo.

L’essai HVTN705/HPX2008, dit lmbo ­kodo, est le fruit d’un partenariat public-privé (les laboratoires Janssen, la fondation Bill-et­ Melinda-Gates et l’Institut national américain de l’allergie et des maladies infectieuses). La phase 2b de l’essai inclura 2 600 femmes séro­négatives d’Afrique subsaharienne. Premiers résultats en 2021.

Les différentes étapes d’un essai

Un essai clinique complet dure plus de dix ans. Il est en général composé de trois phases : la phase 1 permet de tester la sécurité du vaccin à différentes doses, la phase 2 évalue son efficacité sur un petit nombre de volontaires et la phase 3 est une étude à grande échelle sur plusieurs milliers de volontaires. Sans compter que les étapes précédant l’essai clinique (études fondamentales et processus préclinique) prennent au moins autant de temps…

Vaccins thérapeutiques : un espoir pour les patients

Ici aussi la liste est longue. L’Institut de recherche vaccinale (VRI) travaille par exemple sur une stratégie de ciblage de morceaux du VIH dans des cellules spécialisées (les cel­lules dendritiques), lesquelles sont chargées d’activer toutes les autres cellules du système immunitaire.

Autre candidat proposé par la start-up française lnnaVirVax : VAC-3S. Après une annonce retentissante lors du lancement de la phase 1/2 en France, Espagne et Allemagne, en 2015, puis son expatriation aux États-Unis en 2016, les résultats prévus pour 2017 n’ont cependant pas encore été communiqués.

Un vaccin thérapeutique expérimental a également fait parler de lui en 2016. Annoncé par certains comme le vaccin qui allait per­mettre de guérir du sida, il ne s’agissait pour­ tant que des résultats obtenus à l’issue de la première phase de l’essai. Bien trop tôt donc pour en tirer des conclusions aussi formelles. Ces effets d’annonce sont malheureusement courants, alors qu’il est particulièrement important de traiter avec précaution les résultats obtenus avec des vaccins expéri­mentaux, qu’ils soient prophylactiques ou thérapeutiques. En effet ces informations erronées créent de faux espoirs chez les per­sonnes infectées et peuvent favoriser des comportements à risque chez les plus jeunes notamment qui peuvent y voir la possibilité de guérir du VIH.

Pour prévenir ou guérir, la recherche vac­cinale contre le VIH avance. Des essais pro­metteurs de vaccins prophylactiques livreront leurs résultats dans quelques années. Les vac­cins thérapeutiques ne seront peut-être pas suffisants à eux seuls pour atteindre l’objectif de la rémission du VIH, mais ils pourraient y participer en étant combinés à d’autres stratégies, comme l’administration d’anticorps neutralisants

[1] Le rôle d’un vaccin est de stimuler l’activité du système immunitaire en administrant de petits morceaux inoffensifs d’un pathogène. Pour le vaccin prophylactique, l’administration est réalisée avant qu’une maladie se manifeste, dans le but de s’en protéger Le vaccin dit thérapeutique est administré alors que la maladie est déjà installée. Dans ce cas, il s’agit plutôt de soutenir le système immunitaire qui est déjà au travail.

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