vih VIH en France : le dépistage en hausse, mais trop tardif

30.11.24
Kheira Bettayeb
4 min
Visuel VIH en France : le dépistage en hausse, mais trop tardif

Comme chaque année, en amont de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, Santé publique France publie les derniers chiffres de l’épidémie de VIH en France. Synthèse.

Après une forte baisse en 2020, le nombre de tests de dépistage du VIH, réalisés en laboratoire de biologie médicale, a augmenté en 2023. Tout comme le nombre de personnes qui ont découvert leur infection : c’est le double constat marquant qui ressort du bilan publié en octobre 2024 par Santé publique France.

Bonne nouvelle, le nombre de sérologies VIH remonte pour atteindre 7,5 millions en 2023 (contre 6,5 millions en 2022), soit un million de tests supplémentaires en un an. Selon Santé publique France (SPF), cette dynamique est notamment due à « la montée en charge du dispositif VIHTest ». Lancée en 2022, cette initiative permet un dépistage en laboratoire gratuit sans ordonnance et sans rendez-vous pour les assurés sociaux, ce qui en facilite l’accès.

Une incidence stable chez les HSH nés en France

Parallèlement à l’intensification de l’activité de dépistage, SPF note que le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité est passé de 5 013 en 2021 à 5 473 2023, soit une hausse de 9 %. Cette hausse touche plus particulièrement les personnes nées à l’étranger, notamment les femmes contaminées par rapports hétérosexuels (+33 % entre 2021 et 2023) et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH ; +36 %).

Après une forte baisse en 2020, le nombre de tests de dépistage du VIH, réalisés en laboratoire de biologie médicale, a augmenté en 2023. Tout comme le nombre de personnes qui ont découvert leur infection.

Source : Santé publique France

« Ces données confirment la nécessité de garantir aux personnes nées à l’étranger un accès aux soins et d’intensifier les actions de prévention à leur égard », souligne SPF, alors que l’aide médicale de l’État (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, fait l’objet d’un vive débat politique.

Si le nombre de découvertes de séropositivité a augmenté l’année dernière, la tendance générale reste toutefois à la baisse, avec une diminution de 10 % entre 2012 et 2023. Cette évolution à long terme est plus marquée chez les HSH nés en France, chez qui le nombre de découvertes de séropositivité a reculé de 36 %.

Une baisse qui s’explique par « un recours au dépistage plus fréquent » dans cette population. Elle est également liée à l’« usage de la prophylaxie préexposition (PrEP) »,un traitement préventif du VIH qui empêche l’infection des personnes séronégatives par voie sexuelle.

Malgré tout, «l’incidence du VIH chez les HSH nés en France ne diminue plus depuis 2021 », précise SPF, qui préconise que «la prévention doit être maintenue et élargie aux HSH les plus éloignés de la communauté gay».

Des dépistages trop tardifs

Les tests de dépistage sont encore trop souvent réalisés tardivement. En 2023, 43 % des découvertes de séropositivité ont eu lieu alors que l’immunité était déjà altérée (avec moins de 350 CD4/mm3 de sang). Or « un dépistage précoce des personnes ayant été exposées au VIH, ainsi que de leurs partenaires, suivi d’une mise sous traitement rapide, est indispensable pour interrompre les chaînes de transmission», rappelle SPF. Selon l’agence, fin 2023, pas moins de 10 756 personnes vivant avec le VIH en France ne connaissaient pas leur séropositivité. Parmi elles, 9 136 ont été contaminées en France et 1 620 à l’étranger.

Comme les années précédentes, les taux de découvertes de séropositivité ont été particulièrement élevés dans les cinq régions suivantes, par ordre décroissant : la Guyane, Mayotte, la Martinique, la Guadeloupe et l’Île-de-France. Celles-ci ont enregistré entre 173 et 590 découvertes de séropositivité par million d’habitants, versus 38 en Bretagne, l’une des régions les moins concernées.

Outre les données de dépistage et de diagnostic, SPF estime aussi l’incidence annuelle du VIH en France, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées dans l’année sur le territoire national. Après exclusion des personnes contaminées avant leur arrivée en France, environ 3 650 personnes ont été contaminées par le VIH en 2023 ; ce qui correspond à une incidence de 5,3 pour 100 000 habitants.

Après avoir baissé entre 2012 et 2021, « en lien avec une diminution chez les HSH nés en France et malgré une augmentation chez les HSH nés à l’étranger », ce taux s’est stabilisé depuis 2021. D’où la nécessité d’intensifier la prévention contre le VIH.

  • La plupart des personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2023 étaient des hommes cis (personne de sexe masculin se considérant comme un homme ; 66 %) et avaient entre 25 à 49 ans (61 %), 50 % ayant plus de 36 ans. Dans la majorité des cas, ces personnes ont été contaminées lors d’un rapport hétérosexuel (55 %) ou entre hommes (40 %).

    Parmi elles, 25 % étaient coïnfectées par une infection sexuellement transmissible (IST) bactérienne, telle que la syphilis, la gonococcie ou l’infection à Chlamydia trachomatis ; 4 % par le virus de l’hépatite B et 3 % par celui de l’hépatite C. Alors que les taux de coïnfection par ces deux derniers virus sont «stables au cours du temps », celui des IST bactériennes a « beaucoup augmenté au cours du temps et augmente encore sur les trois dernières années, notamment chez les femmes hétérosexuelles (11 % en 2023 versus 6 % en 2021), précise Santé publique France.

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