vih VIH : pour en finir avec l’épidémie, des efforts continus encore nécessaires

20.02.25
Kheira Bettayeb
6 min
Visuel VIH : pour en finir avec l’épidémie, des efforts continus encore nécessaires

Selon une récente étude scientifique, malgré les objectifs fixés par l’Onusida, un nombre important de nouvelles infections et de décès par le VIH est encore à craindre d’ici 2050.

Malgré les progrès significatifs de ces dernières décennies, le monde n’est toujours pas sur la bonne voie pour mettre fin à l’épidémie de VIH : c’est l’avertissement lancé par plusieurs centaines de chercheurs de différents pays, coordonnés par l’Institut américain de mesure et d’évaluation de la santé (IHME), dans une étude publiée en décembre 2024 [i]. « La communauté internationale devra faire preuve d’efforts soutenus et substantiels pour en finir avec le VIH », préviennent les auteurs.

À partir de données compilées, issues de différentes sources (Onusida, études de synthèse publiées sur ce sujet, états civils, etc.), les chercheurs ont évalué différents paramètres caractérisant la dynamique de l’épidémie de VIH : le nombre annuel de nouveaux cas d’infection par le VIH (« incidence »), le nombre de décès liés au virus (« mortalité ») et le nombre de personnes vivant avec le VIH (« prévalence ») dans 204 pays et territoires et de 1990 à 2021.

Pour la première fois, les scientifiques ont aussi évalué à grande échelle deux caractéristiques « susceptibles d’améliorer notre compréhension de l’épidémie » : le risque de contracter le VIH au cours de sa vie, dans un pays donné, et la proportion de la population avec une charge virale détectable (nombre de copies du VIH supérieur à 1000 par millilitre de sang), qui reflète le taux de personnes non traitées efficacement et à risque de transmettre le VIH. Enfin, grâce à des simulations informatiques, l’équipe a estimé les tendances en termes de prévalence du VIH et de mortalité jusqu’en 2050.

2010-2021 : le recul des infections en Afrique subsaharienne

Globalement, les résultats montrent qu’entre 2010 et 2021 le nombre de nouveaux cas d’infections par le VIH dans le monde a diminué de 460 000 passant de 2,11 millions à 1,65 million, soit un recul d’environ 22 %. Quant au nombre de décès liés au VIH, il a diminué sur la même période de 1,2 million à 718 000, soit une réduction de 40 %.

« La baisse globale de l’incidence du VIH est en grande partie due à une réduction substantielle des nouvelles infections au VIH en Afrique subsaharienne. [Dans cette région, le nombre de nouvelles infections est passé de 1,5 millions en 2010 contre 978 000 en 2021, soit une baisse de 35 %, ndlr]. L’Asie du Sud a également enregistré une réduction du nombre de cas incidents de 35,4 % au cours de cette période », soulignent les auteurs.

Idem pour la diminution des décès liés aux VIH : elle est aussi en partie due à une baisse en Afrique subsaharienne, où le nombre de morts liées au virus a diminué de 907 000 à 515 000 entre 2010 et 2021, soit un recul de 43 %. Mais la plus grande diminution est rapportée en Asie du Sud : le nombre de décès annuel liés au VIH y a chuté de près de 62 % et est passé de 119 000 en 2010 à 45 800 en 2021.

Malgré tout, ces progrès ne concernent pas toutes les régions, certaines ayant vu leur situation empirer. Les chercheurs ont ainsi observé une augmentation des nouvelles infections en Europe centrale, en Europe de l’Est et en Asie centrale (+113 %), et en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (+ 66 %). Ces régions ont également enregistré une hausse des décès dus au VIH (+ 10 % et + 41 %, respectivement).

Pour ce qui est du risque de contracter le VIH au cours de la vie, entre 1990 et 2021, c’est en Afrique subsaharienne qu’il était le plus élevé, avec un maximum de 21,8 % en 1995. Mais, depuis ce pic, ce taux a chuté de 60 %, passant à 8,7 % en 2021. En revanche, ce risque a augmenté de 0,4 % à 2,8 % entre 1995 et 2021 en Europe centrale, en Europe de l’Est et en Asie centrale.

Les chercheurs se sont également penchés sur taux de personnes avec une charge virale détectable, et donc à risque de transmettre le VIH : là encore, l’Afrique subsaharienne enregistre une importante diminution : il est passé de 2 813 personnes pour 100 000 habitants en 2003 à 1000 en 2021, soit une baisse de 64,5 % en près de 18 ans. A l’inverse, la plus forte augmentation de ce taux est observée en Europe centrale, en Europe de l’Est et en Asie centrale, où il a grimpé de 116 % entre 2003 et 2021, passant de 75,6 à 163,5 personnes pour 100 000 habitants.

Du côté des pays à revenu élevé – dont la France –, les décès liés au VIH ont reculé de près de 30 % entre 2010 et 2021 (17 400 contre 12 200). Et le taux de personnes vivant avec une charge virale détectable a chuté de 57 % pour atteindre 69 personnes pour 100 000 habitants, contre 120 pour 100 000 habitants en 2003. En revanche dans ces pays, l’incidence du VIH a augmenté de 4 % et est passé 106 000 à 110 000 nouvelles personnes infectées chaque année.

D’ici 2050, une trajectoire épidémique toujours inquiétante

« Les progrès mondiaux ne seront probablement pas à la hauteur des objectifs intermédiaires fixés pour 2025 », constatent les chercheurs. En effet, en 2021, l’Organisation des Nations unies a fixé pour objectif une réduction du nombre annuel de nouvelles infections à VIH dans le monde à moins de 370 000 et une diminution du nombre de décès liés à moins de 250 000 d’ici 2025. Or « selon la trajectoire actuelle, nous ne prévoyons qu’une baisse progressive de l’incidence mondiale du VIH, de 1,43 million en 2025 à 1,30 million en 2030 puis à 926 000 d’ici 2050 », soulignent les auteurs. Concernant la mortalité liée au VIH, « nous avons estimé qu’[elle] diminuerait de façon similaire, avec 615 000 décès liés au VIH dans le monde en 2025, 513 000 en 2030 et 327 000 d’ici 2050 ».

De fait, peu de pays devraient atteindre les objectifs fixés par l’Onusida pour ces prochaines décennies. « En 2030, seuls deux pays devraient parvenir à une réduction de 90 % des cas d’infection [la Mauritanie et le Burundi, ndlr] et deux pays devraient parvenir à une réduction de 90 % des décès liés au VIH [la Bolivie et la République démocratique du Congo, ndlr]. En 2040, 11 pays et territoires devraient parvenir à ces réductions de l’incidence et quatre, à celles de la mortalité. Et d’ici 2050, 23 pays et territoires devraient atteindre les objectifs d’incidence et 14 ceux de mortalité ».

En Europe de l’Ouest, seuls trois pays atteindront les objectifs en termes de nouvelles contaminations prévus pour 2050 : le Portugal, Italie et Pays-bas ; et un seul, les objectifs de baisse des décès : le Portugal.

D’ici 2030, 43,7 millions de personnes vivront avec le VIH. Et ce nombre continuera d’augmenter pour atteindre un pic de 44,4 millions en 2039 avant que ne s’entame une lente baisse. « Pour mettre fin au VIH en tant que menace pour la santé publique, il sera essentiel de redynamiser, de coordonner et d’auto-entretenir la riposte mondiale au VIH », concluent les chercheurs.

Notes et références

[i] GBD 2021 HIV Collaborators. The Lancet HIV. Décembre 2024. doi.org/10.1016/S2352-3018(24)00212-1.

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