vih VIHTest et MémoDépistages, deux offres pour faciliter le dépistage

10.09.20
Cécile Josselin
8 min
Visuel VIHTest et MémoDépistages, deux
offres pour faciliter le dépistage

Donner aux populations clés les moyens de se dépister plus facilement et plus régulièrement fait partie des principaux objectifs pour atteindre les zéro nouvelle infection par le VIH d’ici 2030. Pour aller dans ce sens, deux projets test ont été lancés ces deux dernières années : MémoDépistages et VIHTest.

Terminée en décembre 2019, l’expérience MémoDépistages, qui avait démarré le 11 avril 2018 sous l’impulsion de Santé publique France a été menée dans quatre régions françaises : l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur auprès d’une population HSH adulte séronégative, active sexuellement et non suivie pour la PrEP.

Des kits envoyés à domicile

Les participants recevaient à leur domicile un premier kit d’auto-prélèvement qu’ils pouvaient renvoyer vers un laboratoire partenaire à l’aide d’une enveloppe prépayée. Ce dernier consistait en un test sanguin capillaire pour le VIH, l’Hépatite B, l’hépatite C et la Syphilis, ainsi qu’un test urinaire, anal et pharyngé pour le dépistage des infections à Chlamydia trachomatis (Ct) et à Neisseria gonorrhoeae (NG).

Recrutés essentiellement via des médias communautaires, 3 428 HSH ont été inclus sur les 7 158 hommes déclarés éligibles et 1 948 ont renvoyé au moins un kit de dépistage. Près de 700 sont restés jusqu’au bout, bénéficiant ainsi d’un suivi sur 18 mois avec des propositions de dépistage du VIH tous les 3 mois.

Premier constat : ce sont les hommes citadins jeunes (moins de 30 ans), avec un haut niveau d’étude, familiers des lieux de convivialité gay qui se sont le plus approprié le dispositif. « Le dépistage parallèle des autres IST a été particulièrement apprécié. Les participants auraient même été demandeurs de kits complets plus réguliers », précise Delphine Rahib, chargée d’étude santé sexuelle en charge du projet à Santé publique France.

Les participants avaient ensuite le choix entre faire les dépistages suivants à domicile, via un autotest, un nouveau kit d’auto-prélèvement ou auprès des acteurs habituels (CeGIDD, association communautaire, laboratoire d’analyse médicale avec ou sans ordonnance). Une analyse plus fine de l’étude montrera les modalités privilégiées dans le courant de l’année prochaine.

Concernant les résultats, les retours sont encore partiels. Pour le moment, huit personnes ont été découvertes positives au VIH au premier dépistage et quatre positifs à l’hépatite C pour la première vague. En Île-de-France où nous disposons d’un ratio : 1,3 % des tests étaient positifs au VIH, 0,5 % à HCV et 1,7 % à la syphilis. « Nous avons également eu 17 % d’individus positifs à la chlamydia et à la gonorrhée sur un des trois sites, ce qui n’est pas négligeable », précise Delphine Rahib, qui note un taux particulièrement élevé pour les prélèvementsoro-pharyngés et anaux (9 % positifs en pharyngé et 11 % en anal contre seulement 2 % positif en urinaire) qui sont pourtant les sites les moins souvent dépistés car ils ne déclenchent pas forcément de symptômes.

Une autre originalité du dispositif, le mode de délivrance du résultat privilégié par les HSH concernés. Les participants pouvaient choisir comment ils étaient contactés en cas de résultats positifs et négatifs. Ils avaient le choix entre l’envoi d’un SMS les invitant à les rappeler, un appel téléphonique ou un rendez-vous en tête-à-tête avec un médecin.

« C’est la première fois que nous avons eu l’autorisation des instances réglementaires pour proposer ces trois options car la réglementation impose en France que les résultats positifs au VIH soient toujours rendus en face-à-face par un médecin », précise Nathalie Lydié, responsable de l’unité Santé sexuelle France à Santé publique France avant d’ajouter : « Les évaluations dans les autres pays montraient qu’un rendu à distance était apprécié et facilitait le lien vers le soin. MémoDépistages nous a confirmé qu’il en était de même en France. » 

En Île-de-France, 53,8 % des participants ont en effet opté pour un retour par téléphone en cas de résultat positif, 39,5 % pour un texto les invitant à les rappeler et seulement 6,7 % par une discussion en face à face avec un médecin.

Le dépistage au laboratoire sans ordonnance

Proposé à Paris et dans les Alpes Maritimes depuis juillet 2019, VIHTest est un autre dispositif qui permet à tout un chacun de demander un dépistage du VIH gratuitement, sans rendez-vous ni ordonnance dans n’importe quel laboratoire d’analyse médicale de Paris et des Alpes-Maritimes.

Lancée le 1er juillet 2019, l’expérimentation coordonnée par les associations « Paris sans Sida » et « Objectif Sida Zéro : Nice et les Alpes-Maritimes s’engagent ! » se poursuivra jusqu’au 31 décembre 2020. « Au départ, il était prévu de mener cette expérimentation sur un an, mais le confinement imposé par la COVID-19 nous a privé de plusieurs mois de collecte de données. L’Assurance maladie, qui finance l’opération a donc accepté de prolonger l’étude », nous indique Erwan le Hô qui coordonne l’opération dans les Alpes-Maritimes, en tant que vice-président du COREVIH PACA Est.

À Paris, l’objectif affiché dès juillet 2019 était d’augmenter de 15 % le nombre de sérologies VIH réalisées en laboratoires à Paris sur un an. « S’il est encore trop tôt pour savoir si l’objectif a été rempli, les premiers retours chez nous sont positifs », nous assure Erwan Le Hô qui compte environ 800 tests VIH réalisés par mois via ce dispositif dans les Alpes-Maritimes avant le confinement et 700 par mois depuis la mi-mai. 

« L’activité globale de dépistage du VIH est en augmentation dans l’ensemble du département par rapport à l’année dernière. Tout porte donc à croire que ces tests s’ajoutent à l’activité de dépistage déjà existante et ne s’y substituent pas comme nous pouvions le craindre », nous assure-t-il, avant d’ajouter : « Nous avons également observé que le taux de séropositivité obtenu via VIHTest était trois supérieur au taux de séropositivité habituellement constaté par les tests en laboratoire avec ordonnance. C’est une donnée encourageante car elle montre que nous ciblons plutôt bien les populations les plus exposées qui s’emparent bien de ce nouvel outil. »

Le dispositif a en effet de quoi séduire. Les laboratoires sont bien plus nombreux que les CeGGID (on compte à Paris 13 CeGGID pour près de 170 laboratoires d’analyse médicale) et offrent donc une solution de proximité particulièrement appréciable. Ils ont aussi des horaires d’ouverture bien plus amples qui ont fait la différence pour Rémy, 35 ans qui l’a utilisé il y a un mois à Nice : « Quand j’étais étudiant, j’allais en CeGGID pour me faire dépister mais maintenant que je travaille, les horaires d’ouverture rendent les choses un peu compliqué. Ce dispositif tombe donc à pic.» Pauline 46 ans est du même avis pour des raisons différentes : « En général, je demande une ordonnance à mon médecin traitant pour me faire dépister quand je change de partenaire régulier, mais là j’avais laissé traîner. Cela m’ennuyait de prendre un rendez-vous chez mon médecin rien que pour ça. Alors, quand j’ai vu l’affiche dans mon laboratoire médical j’ai profité de l’occasion pour le demander. Si cela n’avait pas pu se faire dans la foulée de façon aussi simple, je ne suis pas sûre que je me serais fait dépister ».

L’étape préalable obligatoire de la consultation médicale est également un frein pour les populations les plus exposées comme les HSH et les personnes trans. « Nous avons beaucoup de retour de personnes qui nous disent que quand ils leur en parlaient, leur médecin leur demandaient pourquoi ils voulaient se faire dépister et ils étaient gênés car cela leur donnait l’impression d’avoir quelque chose à se reprocher », ajoute Erwan Le Hô.

Il faudra encore attendre quelques temps pour retirer tous les enseignements de ces deux expérimentations, mais force est de constater que ces dispositifs sont prometteurs. 

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