vih Yvonne Tavi Ouattara : « Penser les maux »

13.06.18
Amélie Weill
3 min
Visuel Yvonne Tavi Ouattara : « Penser les maux »

Yvonne Tavi Ouattara est née en Martinique, dans les Antilles françaises. Mais pour elle, « le retour aux sources était une évidence« . Très vite, elle est interpellée par ses racines africaines, par leur histoire, ainsi que par les injustices liées à cette histoire, et par la place des femmes dans la société. Alors elle étudie, obtient ses diplômes en psychologie et en psychothérapie, et saisit aussitôt l’opportunité de partir en Guinée.
Là-bas, elle travaille auprès des femmes au sein d’une association locale de santé. Nous sommes en 1988 et le sida a déjà fait des ravages sur le continent africain.C’est un choc pour la jeune psychologue, mais Yvonne Tavi Ouattara n’est pas de celles qui reculent. « J’ai énormément appris. » Pendant cinq ans, elle forge ses armes, apprends à contourner les barrières de la langue, affine ses méthodes et développe sa réflexion autour autour de la prise en charge psychologique et sociale des personnes affectées par le VIH.

Elle s’installe ensuite à Paris, s’engage à nouveau dans le milieu associatif et participe à la mise en place de l’Observatoire de la vie sociale du quartier de la Goutte d’Or. Elle y découvre le de pouvoir de l’écriture créative et thérapeutique, et rencontre un autre amoureux des mots, Jean-Luc Pouliquen, avec qui elle publiera quelques années plus tard, un recueil de correspondances entre l’Europe et l’Afrique1.
Car, en 1997, la voilà qui repart : direction le Burkina Faso. Elle devient psychologue consultante pour différentes associations, structures et ONG, comme le CIC-Doc, Sidaction, l’Association African Solidarité ou Agir. Un engagement rythmé par des missions diverses : formations, groupes de parole, ateliers, observance thérapeutique, suivi psychologique et social, accompagnement des équipes encadrantes, etc.

Un métier consacré par son engagement

Bien sûr, ce métier, il aura parfois fallu lui créer sa place. Au début, face au VIH, « la priorité des priorités, c’est de trouver un traitement« . Mais, rapidement, les associations questionnent les représentations sociales de la maladie, la stigmatisation et les facteurs sociaux. La lutte contre le sida consacre le terme de »psycho-social », en insistant sur la prise en compte du patient dans sa globalité. Les patients experts jouent un rôle crucial et leur reconnaissance est une avancée tout aussi marquante.

Passionnée et réfléchie, la psychologue s’intéresse à la santé au sens large, « de manière holistique« . Alors, quand elle nous parle de son admiration pour les neurosciences, de la ferme biologique qu’elle a créée avec son mari ou de ses diplômes en sciences de l’éducation et en aromathérapie, on ne s’étonne pas vraiment. Une dynamique globale qu’elle aimerait voir s’épanouir à travers plus d’interdisciplinarité dans la recherche.

Au Burkina Faso, si elle admire le travail réalisé par les associations, son inquiétude s’attarde sur les populations isolées, stigmatisées ou incarcérées. Au moment d’évoquer l’avenir, elle insiste sur l’importance d’améliorer les conditions des femmes, extrêmement touchées par la VIH en Afrique et pour lesquelles « il reste tant à faire à travers le monde« .

Notes

1- L’Arbre à palabres : lettres de France et du Burkina Faso, éd.L’Harmattan, 2009.

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